Archives de catégorie : > Prochain cours

25/11/19
Sur quelques difficultés de la démocratie

Marc Rosmini

On dit souvent que notre époque serait caractérisée par une « crise de la démocratie ». Ce prétendu constat soulève toutefois deux problèmes.  
Le premier consiste à se demander s'il n'appartient pas à la nature même d'une démocratie d'être en crise, ou plutôt en questionnement sur elle-même. Croire que nous vivons dans une « vraie » démocratie reviendrait à penser que nous sommes à la « fin de l'histoire », et qu'il n'y a plus rien à inventer en matière de politique.
Le second, qui découle du premier, porte sur le concept même de « démocratie » qui, lorsqu'on en parle, est toujours menacé d'essentialisation. Or l'histoire nous montre que des types d'organisation très divers ont revendiqué ce statut « démocratique ». Parler de la démocratie au singulier, et comme s'il s'agissait d'une évidence, ne peut que nous conduire à masquer les enjeux des problèmes soulevés par ce projet d'un gouvernement du peuple par lui-même.
Cette session de l'Université Populaire aura donc pour ambition, notamment à partir des travaux de Pierre Rosanvallon, d'examiner quelques-uns de ces problèmes et, sait-on jamais, de proposer quelques pistes de solutions.
Marc Rosmini est Professeur agrégé de philosophie  
Il enseigne au lycée Antonin Artaud et au lycée Thiers de l’académie d’Aix-Marseille

Sa curiosité l’a conduit à mettre en relation la réflexion philosophique avec des thèmes variés, allant de la cuisine au western en passant par l’art contemporain. Il fait partie du collectif Les Philosophes Publics

Marseille révélée par l’art contemporain, éd. Jeanne Laffitte, Marseille, 2007
• Pourquoi philosopher en cuisinant ? – Méditations autour de 10 recettes de Lionel Lévy, éd. Aléas, Lyon, 2007
• Road Movies, Images En Manœuvres Éditions, Marseille, 2012, (épuisé), La Marelle Éditions, Marseille, 2017 (numérique)
• Méditations westernosophiques, éd. Médiapop, Mulhouse, 2015
Cinéma et bioéthique : Etre plus ou moins un sujet, éd Rouge profond, 2019

04/11/19
Les trous noirs

Alejandro Perez – Sciences

Conférence-débat avec Alejandro Perez

Les Trous Noirs et la fin du temps en Relativité Générale

Dans cette présentation je vais essayer de vous transmettre les idées fondamentales de la relativité générale en décrivant ses solutions les plus remarquables : les trous noirs.
Les trous noirs sont sans doute la prédiction la plus spectaculaire de la relativité générale. Ces objets énigmatiques sont présents en grand nombre dans l’univers observable. Ce sont les reliques du violent processus d’effondrement gravitationnel. Il est possible de comprendre les caractéristiques de base des trous noirs  sans faire appel à des connaissances techniques sophistiquées en utilisant la notion de cône de lumière.


Alejandro PEREZ
Enseignant-chercheur
Chef de l’équipe « Gravité quantique » Aix-Marseille Université
Chercheur au Centre de Physique Théorique – CPT 
Membre honoraire de l’Institut Universitaire de France







28/10/19
Changer le travail ?

Renato Di Ruzza – Ergologie

Conférence-débat avec Renato Di Ruzza*

Changer le travail ?

La manière dont est organisé le travail aujourd’hui, qui s’éloigne sensiblement des méthodes tayloriennes (précarisation, individualisation, ubérisation, distanciation, etc.), comporte de telles conséquences en termes de chômage et de santé qu’elle nous oblige à réfléchir sur le thème du changement : quelles sont les pistes d’alternatives envisageables ? comment les rendre visibles ? comment se les approprier socialement ? Cette seconde conférence présentera une méthodologie susceptible d’apporter des réponses à ces questions : il s’agit de mettre en place, concrètement, le postulat de départ. Si en effet rien de sérieux ne peut être dit sur le travail indépendamment de ceux qui travaillent, il en découle qu’il faut en effet écouter et entendre ces derniers en leur donnant les moyens d’exprimer ce qu’ils ont à dire sur leur travail. Nous observerons qu’ils ont beaucoup de propositions d’alternatives au travail tel qu’il est organisé actuellement.

*Économiste ancien directeur scientifique à l’Iseres
Actuellement secrétaire général de la société internationale d’ergonomie
Professeur émérite des universités en sciences économiques

21/10/19
Qu’est-ce que le travail ?

Renato Di Ruzza – Ergologie

Conférence-débat avec Renato Di Ruzza,

Qu’est-ce que le travail ?

Au delà des multiples définitions qui en ont été données dans la littérature économique, sociologique, ergonomique ou philosophique (et qui seront rapidement rappelées et commentées), le travail sera considéré du point de vue de l’activité, c’est-à-dire comme un « usage de soi » : usage de soit par soi, et usage de soi par d’autres. Le point de départ d’une telle définition réside dans l’examen par les ergonomes de tradition francophone (ceux qui ont fondé l’ergonomie de l’activité) de la manière dont fonctionne le modèle productif taylorien. Ils ont constaté que malgré la prétention scientifique d’un tel mode d’organisation du travail, les travailleurs ne faisaient jamais exactement ce que le bureau des méthodes leur demandait de faire, et qu’il y avait toujours un écart entre le travail tel qu’il était prescrit et leur travail réel. C’est en détaillant les raisons d’un tel écart que nous parviendrons à comprendre ce qu’est le travail, et à montrer qu’il s’agit d’une activité qui déborde largement l’emploi.

Économiste ancien directeur scientifique à l’Iseres
Actuellement secrétaire général de la société internationale d’ergonomie
Professeur émérite des universités en sciences économiques

14/10/19
Le besoin de métaphysique

Raphaël Liogier – Philosophie

« Le besoin de métaphysique » , sera l’occasion d’évoquer l’idée selon laquelle il ne faut pas confondre la métaphysique (qui est de ne pas accepter le matérialisme pur et dur) et la théologie, le dogme, la superstition. La métaphysique, c’est le refus des idées arrêtées, y compris celles qui se prétendent indéniablement rationnelle. Or nous avons besoin métaphysique aujourd’hui, individuellement mais aussi collectivement, par exemple en politique. En fait la métaphysique consiste à regarder toujours au-delà de l’horizon, au-delà de la matière, de la mécanique, de l’économie, de l’intérêt primaire, etc.

Raphaël Liogier
Professeur des universités, Sciences Po Aix-en-Provence
Chercheur invité à Columbia University, New York (CES : Council for European Studies)
Enseignant au Collège international de philosophie (Paris)
Chercheur au Sophiapol (Université de Paris 10 – Nanterre)

Manifeste métaphysique
Raphaël Liogier
Dominique Quessada

Présentation de l’éditeur

Que faudrait-il pour refaire le monde ? Avant tout, parvenir à penser autrement. Penser le monde au-delà des certitudes faciles, des dogmes stérilisants, des refuges identitaires et des dualismes rassurants. Décloisonner la pensée. Explorer des pistes improbables, non visitées. Refuser de se soumettre à un destin déjà tracé. Rien n’est plus vital, rien n’est plus concret, rien n’est plus nécessaire aujourd’hui. C’est cette urgence collective actuelle – politique, économique, sociale, écologique – qui a motivé cet appel à une métaphysique nouvelle.

Biographie de l’auteur

Depuis une vingtaine d’années Raphaël Liogier explore dans ses ouvrages les mutations de l’identité humaine. Il est notamment l’auteur aux éditions Les Liens qui libèrent de Sans Emploi. Condition de l’homme postindustriel et de Descente au coeur du mâle. Dominique Quessada est chargé du séminaire au Collège international de philosophie et membre du collectif de rédaction de la revue Multitudes. Il a publié notamment L’Esclavemaître (Verticales), L’Inséparé, Essai sur un monde sans Autre (Puf), L’Autre, Anatomie d’une passion (Cerf).

07/10/19
Les communs dans la cité

Fabienne Orsi – Économiste

Conférence-débat avec Fabienne Orsi

« Les communs dans la cité »

L’usage du mot « commun.s » ne cesse de se répandre. L’emploi de ce mot fait florès dans les cercles militants, politiques, intellectuels, universitaires. Mais de quoi parle- t-on ? À quelles pensées, à quelle praxis se réfère-il? Le besoin de définitions se fait d’autant plus sentir que le débat s’enflamme autour de ce mot, comme s’il était traversé d’un vent de révolution. Mais laquelle?

Fabienne Orsi est économiste, chercheuse à l’Institut de Recherche pour le Développement. Son thème prioritaire de recherche a longtemps concerné l’analyse critique de l’évolution des droits de propriété intellectuelle dans le domaine des sciences de la vie et du médicament, leurs inscriptions dans l’organisation du commerce mondial et des rapports Nord/Sud. Depuis 2010, elle est engagée dans une recherche pluridisciplinaire sur le thème des communs avec comme principal questionnement la manière dont la renaissance du thème vient réinvestir les concepts de propriété, de gouvernement et de démocratie. Elle est l’une des directrices du Dictionnaire des biens communs (PUF, 2017).

30/09/19
La société des singularités

Yves Pillant – Philosophie

Conférence-débat avec Yves Pillant
La société des singularités
La société a longtemps été considérée comme un système homogène dans lequel chacune et chacun devait s’intégrer « pour en être » ; le tout l’emportait sur la partie. Aujourd’hui l’individu a gagné en autonomie, diverses formes d’expression et de contribution le singularisent au sein des groupes dans lesquels il évolue (réseaux sociaux inclus).
Il s’agira d’interroger les enjeux de philosophie politique que porte ce déplacement et d’envisager la conception du commun que cette orientation promeut. Bref, une société des singularités est-elle pensable ?
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Yves Pillant est Docteur en Philosophie
École doctorale : Cognition, Langage, Éducation
Unité de recherche : Institut d’Histoire de la Philosophie.
Thèse : Une politique de la vulnérabilité est-elle « pensable » ?
Consultant. Responsable de formation. Responsable développement. Chef de projet. Responsable du laboratoire de recherche en travail social IMF

Yves PILLANT
Docteur en Philosophie
École doctorale : Cognition, Langage, Éducation
Thèse : Une politique de la vulnérabilité est-elle « pensable » ?
Unité de recherche : Institut d’Histoire de la Philosophie.
Consultant. Accompagnement des structures sociales et médico- sociales dans leurs évolutions
Responsable de formation. Responsable développement. Chef de projet. Responsable du laboratoire de recherche en travail social IMF
Production scientifique
Inclusion, jeux de mots ou nouveau paradigme pour l’’action sociale ?
Revue Ergologia n° 12 décembre 2014
Yvanne Troussier. Alvaro Casas. Yves Pillant
http://www.ergologia.org/revue-ergologia.html
Social action in France : issues and development
Transnational Social Work and Social Welfare. Routledge, London and New York, 2016
Yves Pillant, Nathalie Jami, Nathalie Segura
L’ingénierie à l’épreuve de l’international
Conférence européenne EASSW Paris Descartes 2017
Yves pillant
Plaidoyer pour une société des singularités
Les Cahiers de l’actif n°478/479 2016
Yves Pillant

23/09/19
La pensée critique et l’autodéfense intellectuelle
DENIS CAROTI – Science et Philosophie

Exceptionnellement cette séance se déroulera à la Brasserie des Danaïdes

Denis CAROTI
Professeur certifié
Doctorant – Université d’Aix-Marseille

« Chacun d’entre nous est ou sera confronté à des choix personnels, politiques dont l’enjeu est tout sauf anecdotique : énergie, climat, santé, discriminations, alimentation, etc. Pour faire ses choix en connaissance de cause, avoir un accès libre et éclairé aux différentes sources d’informations, savoir les évaluer en évitant l’écueil du doute systématique ou de la crédulité totale, faire preuve d’humilité et de persévérance intellectuelle, et savoir accorder sa confiance à bon escient sont quelques-unes des qualités que l’on peut rattacher à la pensée critique. Etre capable de se défendre intellectuellement pour faire des choix éclairés ne nécessite pas de bagage particulier mais demande de travailler certaines habiletés et attitudes, tout comme de se questionner sur les enjeux éthiques liés à l’utilisation de ces outils.
Mais cette approche peut-elle être efficace pour juger et agir ? Pour nous immuniser le plus possible contre les tentatives de manipulation de toutes sortes, qu’elles soient médiatiques, politiques, ou basées sur des croyances non avérées ? Peut-on (se) former à cette auto-défense intellectuelle ? La pensée critique n’est-elle pas elle-même une forme d’idéologie à remettre en cause ? Nous tenterons de répondre à ces questions à travers une approche pluridisciplinaire. »

16/09/19
Comment ai-je compris ce qu’était la science ?
DENIS CAROTI – Science et Philosophie

Séance exceptionnellement à la Brasserie des Danaïdes

PROFESSEUR CERTIFIÉ EN SCIENCES PHYSIQUES

Historique

Denis Caroti, Nicolas Gaillard, Richard Monvoisin et Guillemette Reviron ont créé le CORTECS en 2010, sur les bases des enseignements d’esprit critique et d’autodéfense intellectuelle de Monvoisin à l’Université Grenoble-Alpes (anciennement Université Joseph-Fourier) en 2004, d’abord à l’UFR de pharmacie, puis aux licences toutes disciplines et aux doctorants-enseignants1. Ces enseignements avaient emprunté la formule de décorticage des pseudo-théories enseigné par Henri Broch depuis 1993, et objets de recherche au Laboratoire de zététique à l’Université Nice-Sophia-Antipolis2.

But

Le collectif développe des pédagogies centrées sur la pensée critique : « ensemble d’aptitudes et de dispositions permettant une analyse, un tri et une évaluation efficaces des informations, de leurs sources, et des arguments invoqués pour soutenir telle ou telle affirmation« 3. Le CORTECS rassemble différent outillages, depuis les sciences expérimentales jusqu’aux sciences humaines, politiques et sociales4. À l’instar de RussellChomsky ou Baillargeon, le matérialisme méthodologique sert de socle et la dimension émancipatrice progressiste est largement mise en avant4.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Collectif_de_recherche_transdisciplinaire_esprit_critique_et_sciences

12/09/19
Présentation du programme 2019-2020

L’équipe de l’UPOP Université Populaire Marseille-Métropole, est heureuse de vous retrouver et vous dévoilera tout le programme de l’année 2019-2020, en présence des conférenciers

Jeudi 12/09/19 accueil à partir de 18 heures

Espace Coco Velten
16 rue Bernard du Bois – 13001 Marseille

18:00 : Accueil
18:30 : Présentation du programme et des intervenants
Projection du film « J’veux du soleil »
Débat et fin de la soirée à 21:00
Entrée par le cœur de l’îlot Velten
Métro : Jules Guesde – ligne 2
Tramway : Belsunce Alcazar ou Sadi Carnot – ligne T2 et T3

Dans la vie des peuples, il est des saisons magiques.

Soudain, des Corinne, des Carine, des Khaled, des Rémi, des Denis, des Cindy, des Marie, d’habitude résignés, longtemps abattus, se redressent, se dressent contre l’éternité d’une fatalité.

Ils se lient et se liguent, leurs hontes privées, accumulées, se font colère publique, et à leurs seigneurs, à leurs maîtres, aux pouvoirs, ils opposent leurs corps, leurs barricades, leurs cabanes. Leurs voix, surtout : la parole se libère, déchaînée, telle un fleuve en crue.crue.

C’est un éclair, alors, qui déchire la nuit noire de l’histoire. Un éclair, un éclair jaune, fluorescent même, qui ne dure qu’un instant, un instant seulement, mais se grave dans les mémoires. Derrière, le tonnerre fait résonner ce mot : espoir.

Comme en une hasardeuse chasse aux papillons, Gilles Perret et François Ruffin sont partis en un road-movie dans la France d’aujourd’hui. En guise de filet, une caméra, pour capturer cet instant, magique, pour saisir sur le vif les visages et les voix des Corinne, des Carine, des Khaled, des Rémi, des Denis, des Cindy, des Marie.

« Qu’il ne reste pas, de ce beau moment, que les images de BFM TV. Ce film ne passera pas en prime time sur TF1. Il n’existera que si des gens s’en saisissent, organisent des projections, l’utilisent pour leurs mobilisations. Ce film, c’est aussi le vôtre. Alors, si vous voulez le diffuser par chez vous, contactez-nous. »

Gilles Perret & François Ruffin

facebook.com/groups/jveuxdusoleil

pour nous aider / diffuser le film / en savoir plus :

francoisruffin.fr/jveux-du-soleil

25/03/19
Aux origines gestuelles du langage
Adrien Meguerditchian

Adrien Meguerditchian Docteur en psychologie et primatologue étudie les systèmes de communication de nos cousins les primates dans une approche comparative avec l’espèce humaine. Biologiste de formation, il a réalisé ses premières observations de groupes de babouins sous la direction de Jacques Vauclair, professeur en psychologie à l’Université Aix-Marseille. Sa thèse en poche fin 2009, une bourse Fyssen lui permet de poursuivre ses travaux en postdoc sur la piste des chimpanzés sauvages au Sénégal, grâce à l’anthropologue américaine Jill Pruetz. Il travaille aussi à Atlanta aux Etats-Unis dans le laboratoire du primatologue William D. Hopkins pour étudier la communication des chimpanzés et ses liens avec les structures cérébrales à partir d’images cérébrales IRM. Fin 2012, un financement lui permet de monter son groupe de recherche et d’intégrer le Laboratoire de Psychologie Cognitive à Marseille au sein de l’équipe « Cognition comparée » dirigée par Joël Fagot, d’abord sous contrat puis en tant que chargé de recherche CNRS en 2014.

Titre:
Aux origines gestuelles du langage : Communication et organisation cérébrale des primates

Résumé:
Les primates non humains étant nos plus proches cousins dans l’histoire de l’évolution, étudier leurs systèmes de communication peut nous aider à déterminer les précurseurs de certaines propriétés de la parole chez nos ancêtres. Tandis que des primatologues soutiennent que la parole serait issue de l’évolution du système de communication vocale, une théorie alternative commence à gagner du terrain au sein de la communauté scientifique. Cette théorie dite « gestuelle » souligne le rôle fondamental de la communication gestuelle de nos ancêtres dans les racines évolutives du langage. Elle s’appuie sur (1) les liens étroits entre le langage et la communication gestuelle dans l’espèce humaine (i.e., gestes accompagnant la parole, langue des signes, gestes préverbaux chez le jeune enfant), et (2) sur les études de la communication gestuelle des primates qui ont mis en évidence certaines propriétés communes avec le langage, comme l’intentionnalité, la flexibilité d’apprentissage et d’usage, les propriétés référentielles et la dominance de l’hémisphère cérébrale gauche dans le contrôle de la communication. Nos travaux et les dernières études sur les comportements gestuels et vocaux des primates seront présentées ainsi que les données récentes en imagerie cérébrale IRM anatomique. Ces données en éthologie, psychologie comparée et neurosciences pourraient révéler une origine non pas vocale mais « bimodale » du langage, qui serait issue de l’intégration progressive de vocalisations intentionnelles dans un système commun aux gestes communicatifs chez nos ancêtres.

18/03/19
Chomsky et la grammaire générative
Cristel Portes

Cristel Portes est maître de conférences en Linguistique au département de Sciences du langage d’Aix-Marseille Université depuis 2005. Dans une vie antérieure, elle a fait des études de litérature et de médecine, et exercé les métiers de libraire, bibliothécaire et salariée multitâche dans une petite maison d’édition. Son intérêt pour le langage et les langues fut très précoce. Il est passé par la découverte du jeu avec les structures linguistiques auquel s’adonnent les poètes et les écrivains.

Ses recherches portent sur la structure sonore du français, et s’intéresse tout particulièrement à la prosodie de notre langue (son rythme et sa mélodie), aux variations régionales de la prosodie, et aux différentes fonctions qu’elle assume : par exemple, nous aider à découper le flux sonore que nous produisons et entendons en mots et en phrases, ou nous permettre d’établir des distinctions entre différents actes de langage comme poser une question ou affirmer quelque chose.

Elle est membre fondateur de la licence Sciences et Humanités d’Aix-Marseille Université qui se propose de former les jeunes étudiants aux liens profonds qui unissent les sciences de la nature et les sciences dites humaines et sociales (qui portaient autrefois le beau nom d’Humanités) que l’histoire de l’université a eu tendance a séparer trop radicalement.

Résumé de la conférence
Dès sa thèse doctorat et son entrée concomitante au Massachussets Institute of Technology en 1955, Noam Chomsky, fondateur de l’approche générative en linguistique, propose un programme de recherche sur le langage et les langues qui va bouleverser la linguistique et exercer sur elle une influence déterminante, encore sensible aujourd’hui. Héritier du structuralisme américain, Chomsky va pourtant prendre ses distances avec la linguistique structurale qui a dominé la première moitié du XXe siècle à la suite des travaux posthumes de Ferdinand de Saussure. Du projet structuraliste, Chomsky va conserver un aspect fondamental (et on ne le dit pas assez) : la conception générale du langage comme une construction abstraite spécifique et complexe. Touefois, son programme s’éloigne du projet structuraliste sur plusieurs points. Alors que le structuralisme conçoit le langage comme émergeant de l’échange social et propose une approche essentiellement humaniste de son étude, Chomsky se place résolument dans une perspective naturaliste qui conçoit le langage comme une faculté innée, d’origine biologique et propre à l’espèce humaine. Alors que les structuralistes utilisent volontiers la méthode inductive qui construit la théorie à partir de la description des langues, Chomsky propose à la linguistique d’adopter la méthode hypothético-déductive des sciences de la nature qui élabore la théorie à partir de la falsification des hypothèses qu’elle propose. Dans cette perspective, il renforce aussi la mathématisation de la linguistique initiée par ses maîtres (les distributionnalistes dont Zellig Harris qui dirigea sa thèse). Alors que Saussure met le signe linguistique (le mot) au centre de sa théorie et que les plus beaux résultats du structuralisme concernent la phonologie (la connaissance des structures sonores des langues), Chomsky place les propriétés récursives de la syntaxe (et donc la phrase) au centre de l’investigation grammaticale. Enfin, en même temps qu’il contribue à la naissance des sciences cognitives en proposant une critique radicale du behaviorisme à la suite de laquelle l’étude des processus mentaux devient à nouveau pensable et étudiable (on dit qu’il défend une approche mentaliste), Chomsky accorde une place centrale à l’étude de l’acquisition du langage (qui n’est pas seulement son apprentissage explicite) et renouvelle son étude. Cette conférence se propose de montrer la grande cohérence intellectuelle et l’impact profond du projet générativiste sur notre conception actuelle du langage, malgré les nombreuses critiques et réfutations qui lui sont adressées aujourd’hui.

11/03/19
Des machines et des langues
NURIA GALA

L’ORDINATEUR PEUT-IL S’APPROPRIER LE LANGAGE HUMAIN ?

….

Résumé
Les technologies issues de l’intelligence artificielle (IA) sont devenues à la mode. Au-delà du succès médiatique et de la fascination que l’être humain ressent, depuis toujours, pour des machines qui « parlent » ou des machines qui « pensent », ils est certain qu’on assiste à une généralisation des outils et des technologies liées au langage. De nos jours, un ordinateur est capable de répondre à un humain ; il est aussi capable de produire des résumés de textes ou des traductions, etc. Comment est-ce possible ? En quoi le langage des machines est-il différent à celui des humains ? Quelles sont les limites ? Dans cette conférence, nous apporterons des éléments de réponse et de réflexion sur ce sujet passionnant qu’est le langage humain, par le biais des langues et leur traitement automatique. Nous présenterons le domaine, les avancées, quelques applications et les difficultés que les chercheurs rencontrent dans l’étude et la modélisation de la complexité du langage et la création d’outils et de ressources.


Intervenante
Núria Gala est enseignante-chercheur en sciences du langage à l’université d’Aix-Marseille (AMU) depuis 2004, habilitée à diriger des recherches en 2015 et directrice du Service universitaire de français langue étrangère d’AMU depuis fin 2016. Dans ses travaux de recherche, elle s’intéresse aux technologies du langage et aux apports des traitements automatiques dans des domaines liés au lexique (la lexicographie computationnelle, l’apprentissage du vocabulaire et l’aide à la lecture). Depuis 2012, elle étudie la lisibilité et la complexité linguistique et participe à l’élaboration d’outils et de ressources pour la simplification automatique de textes, dans le but de fournir des aides à la lecture et à l’apprentissage du vocabulaire à des enfants en difficulté.
45 publications dont 2 livres co-édités
202 citations (selon Google Scholar)
https://nuriagala.wordpress.com/

04/03/19
LA MORT DES LANGUES
RAMDANE TOUATI

À l’instar de l’appauvrissement de la biodiversité, l’humanité est confrontée ces dernières décennies à l’affaiblissement de la diversité linguistique, par la disparition de plusieurs centaines de langues et la mise en danger d’un grand nombre d’autres. Cette situation alarme des organisations mondiales comme l’UNESCO, des ONG, mais surtout les communautés linguistiques concernées et les linguistes. À travers des exemples concrets, nous tenterons de montrer les causes de la mort des langues ainsi que les actions menées ou envisageables pour contrecarrer ce phénomène.

Ramdane Touati est enseignant de langue et culture berbères à Aix-Marseille Université (A.T.E.R) et rattaché à l’Institut de Recherches et d’Études sur les Mondes Arabes et Musulmans (IREMAM) – UMR 7310 (AMU-CNRS)

25/02/19
sociolinguistique : le cas marseillais
Médéric Gasquet-Cyrus

Introduction à la sociolinguistique : le cas marseillais

La sociolinguistique est une discipline des sciences du langage qui interroge les relations entre langage et société. Cette introduction à la sociolinguistique s’appuiera sur le cas du « parler marseillais », qui nous permettra de voir dans quelle mesure le langage peut être un révélateur qui nous aide à mieux comprendre les dynamiques et les tensions entre les groupes sociaux, et plus globalement le fonctionnement de la société.

Conférence-débat avec Médéric Gasquet-Cyrus

Maître de conférences au Département des Sciences du Langage (Aix-Marseille Université) et chercheur au Laboratoire Parole et Langage (UMR 7309 CNRS). Ses enseignements et ses recherches, principalement dans le domaine de la sociolinguistique, portent sur les relations entre langage et pouvoir, la sociolinguistique urbaine, la diversité linguistique, les variétés régionales et les accents, notamment la discrimination à l’accent.