La question des passions tristes dans l’Ethique de Spinoza.
Exister pour Spinoza, c’est résister à ce qui s’efforce de détruire notre puissance d’exister. On peut nommer cette puissance d’exister : c’est la tension par laquelle tout existant se débat et s’arrange comme il peut avec les affections qui lui sont favorables ou défavorables. Prise en ce sens, toute existence est survie, mais toute destruction achoppe sur un indestructible qui a un nom : puissance ou force d’être. Etre, c’est être exposé à la possibilité de destruction et exister c’est créer des dispositifs qui viendront se piéger les passions réactives : ne pas céder, ne pas concéder, ne pas transiger, ne pas se compromettre. Ne pas céder à la destruction du monde. Telle est la stratégie qui permet d’échapper aux passions tristes et aux situations de servitude. Ce dont il y a lieu de se libérer c’est d’abord des passions tristes, c’est du malheur et de la souffrance.