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03/04/23 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
Le journalisme de solutions
Pauline AMIEL – Sociologie

LE JOURNALISME DE SOLUTIONS . LA LIBERTÉ D'INFORMER ?

Les citoyens déplorent de plus en plus les mauvaises nouvelles rapportées par les journalistes, et expriment une défiance envers les médias. Pour répondre à ces attentes, des rédactions se lancent dans le journalisme de solutions, le « sojo ». Quelle est son histoire, quelles sont ses caractéristiques, quels sont les médias qui l’ont adopté et pourquoi ?

« Ne pas masquer les mauvaises nouvelles, mais redonner leur juste place aux informations enthousiastes, aux réussites, au développement de l’humanité », c’est ainsi que Pauline Amiel décrit le « sojo » : il a pour ambition de traiter une question de société en présentant les solutions potentielles pour la résoudre. Voilà un moyen de fédérer les journalistes autour de pratiques exigeantes, proches de l’investigation, et de tenter de regagner la confiance du lectorat.
Le sujet est traité sous l’angle opérationnel, orienté métier. Complété d’interviews des pionniers de la pratique, l’ouvrage propose une boîte à outils pour le journaliste de solutions : quels sujets aborder, où chercher ses sources, comment construire son article, son interview…
Pauline Amiel 
Maîtresse de conférences, Directrice de l'EJCAM

Pauline Amiel a travaillé pendant une dizaine d'années comme journaliste. D'abord Correspondante Locale de Presse puis en CDD à la Dépêche du Midi, elle a ensuite intégré deux rédactions de Var-Matin et Nice-Matin. Pigiste pendant trois ans, elle a collaboré avec plusieurs titres de presse nationale (Metronews), magazine (Femme Actuelle) mais aussi spécialisée (La Terre) ou régionale (Ressources). Ses reportages à l'étranger l'ont amené de Madagascar à la Bosnie-Herzégovine (Le Monde, Géo Ado, Femme Actuelle). 

Pauline Amiel est titulaire d'un doctorat en Sciences de l'Information et de la Communication à l'Université Paul Sabatier à Toulouse, où elle a également enseigné à l'IUT.  En 2016, elle passe un semestre en séjour de recherches à l'université de Washington à Seattle (U.S.A.) durant lequel elle travaille avec Matthew Powers sur l'appropriation de concepts journalistiques et les modèles médiatiques internationaux en prenant l'exemple du journalisme de solutions. 

Ses recherches portent plus particulièrement sur l'économie de la presse locale, les nouveaux outils des journalistes en ligne et sur la sociologie des journalistes. 

Publications récentes : 
« Le journalisme de solutions »,  ‎ PU Grenoble (12 mars 2020)
Chapitre d'ouvrage : AMIEL P., 2017, Solutions journalism, a symptom of fundamental changes for French local journalists in Waschková Císařová, Lenka (ed.) 2017. Voice of the Locality: Local Media and Local Audience. Brno: Munipress.




Le journalisme de solutions

27/03/23 –Maison des Architectes – 130 av. du Prado
FIGURES DE L’ÉMANCIPATION
Augustin GIOVANNONI – Philosophie

Figures de l’émancipation

Introduire la notion d’émancipation s’avère utile pour aborder le combat politique, les solidarités, les inventions collectives et pour penser les ruptures historiques et les révolutions1, le rapport à soi et aux autres. On en retrouve la figure dans de nombreuses conceptualisations contemporaines : le devenir révolutionnaire (Gilles Deleuze), le soulèvement (Michel Foucault), l’insurrection (Miguel Abensour), la capacité collective (Jacques Rancière), le nom communiste (Alain Badiou), l’idée d’hégémonie (Gramsci, reprise notamment par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, les travaux post-coloniaux), l’émancipation identifiée au processus lui-même (Antonio Negri), se singulariser sur un mode politique, en se soustrayant aux identifications sociales pour laisser paraître qui je suis en ces circonstances-là (Etienne Tassin), etc. Il s’agit dans tous les cas, de sortir du malheur et de la mélancolie.

1Jacques Rancière, Op. cit., p. 212.

Augustin GIOVANNONI : Agrégé et docteur en philosophie

BIBLIOGRAPHIE

Immanence et finitude chez Spinoza, Kimé, 1999.

Les épreuves de l’exil, Kimé, 2016.

Pour une politique hors-sol, sous la direction d’Augustin Giovannoni et Alexis Nouss, Kimé, 2017.

Les figures de l’homme trompé, PUF, 2011.

Figures de la duperie de soi, sous la direction d’Augustin Giovannoni, Kimé, 2001.

Désir et mélancolie, Art Fiction, 2002.

20/03/23 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
QUE NOUS DISENT NOS COUSINS LES PRIMATES ?
Adrien MEGUERDITCHIAN – Psychologie

Aux origines du langage et des préférences manuelles : que nous disent nos cousins les primates ?
Je m’intéresse aux propriétés des modes de communication de nos cousins les primates, et des signaux gestuels en particulier, et leurs liens avec certaines propriétés du langage humain. Je m’interroge notamment sur les implications du geste dans l’évolution du langage, de sa spécialisation hémisphérique cérébrale et de la prédominance des droitiers. Les primates utilisent leurs mains non seulement pour manipuler des objets mais aussi pour communiquer. Au cours des 15 dernières années, en utilisant à la fois une approche éthologique, développementale et non invasive d’imagerie cérébrale (IRM, fNIRS), nous avons mené des recherches sur la communication gestuelle, la manipulation d’objet et les préférences manuelles chez les primates non-humains. Nos travaux et les dernières études sur les comportements manuels et gestuels chez les singes adultes mais également chez les bébés en développement seront présentées ainsi que les données récentes en imagerie cérébrale IRM anatomique. Ces données en éthologie, psychologie comparée et neurosciences pourraient avoir des implications sur les origines gestuelles du langage mais également de la prédominance des droitiers dans l’espèce humaine.

Adrien Meguerditchian, Chercheur CNRS au laboratoire de Psychologie Cognitive de l’Université Aix-Marseille
Docteur en Psychologie, Primatologue
Chargé de cours en psychologie et éthologie au CNRS, à l’Université Aix-Marseille et à l’Université Paris 13.

Adrien Meguerditchian étudie les systèmes de communication de nos cousins les primates dans une approche comparative avec l’espèce humaine. Biologiste de formation, il a réalisé ses premières observations de groupes de babouins sous la direction de Jacques Vauclair, professeur en psychologie à l’Université Aix-Marseille. Sa thèse en poche fin 2009, une bourse Fyssen lui permet de poursuivre ses travaux en postdoc sur la piste des chimpanzés sauvages au Sénégal, grâce à l’anthropologue américaine Jill Pruetz. Il travaille aussi à Atlanta aux Etats-Unis dans le laboratoire du primatologue William D. Hopkins pour étudier la communication des chimpanzés et ses liens avec les structures cérébrales à partir d’images cérébrales IRM. Fin 2012, un financement lui permet de monter son groupe de recherche et d’intégrer le Laboratoire de Psychologie Cognitive à Marseille au sein de l’équipe « Cognition comparée » dirigée par Joël Fagot, d’abord sous contrat puis en tant que chargé de recherche CNRS en 2014. Il a depuis obtenu le prix Paoletti du CNRS en 2017 et la médaille de bronze du CNRS en 2021.

13/03/23 – Maison des Architectes 130 av. du Prado
Travail, liberté, utopie, au prisme de l’éducation
Mariagrazia CAIRO – Philosophie

Travail, liberté, utopie au prisme de l’éducation
Dans le domaine de l’éducation deux grandes polarités semblent se dégager : l’autonomie du sujet apprenant et la transmission d’une culture par un maître, un parent, une institution. Les relations pédagogiques qui s’en suivent s’organisent dans un rapport de travail et sur la base de normes et valeurs personnelles, professionnelles, sociétales. La liberté prend alors des formes différentes, voire opposées, entre exercice de son propre arbitre et assujettissement plus ou moins consenti. Ces tensions sont particulièrement visibles dans les expériences utopiques de l’histoire des sociétés occidentales. Dans quelles mesure ces héritages prônant à la fois la construction d’un sujet libre et la transmission d’une culture se retrouvent-ils aujourd’hui dans les espaces scolaires et éducatifs ? Quelles sont les marges de manœuvre des enseignants, des éducateurs et des apprenants dans des dispositifs plus au moins contraints ?
Mariagrazia Cairo est maître de conférences en philosophie à Aix-Marseille Université, membre du centre Gilles Gaston Granger et de l’Institut supérieur du professorat et de l’éducation (INSPÉ).

06/03/23 – 130 av du Prado
Travail, liberté, citoyenneté au prisme du genre
Anne Marie DAUNE-RICHARD – Sociologie

Travail, liberté, citoyenneté au prisme du genre 

La liberté de l‘individu est au principe de la citoyenneté démocratique moderne. La liberté fonde l’individualité qui constitue le socle de la citoyenneté : pas de citoyenneté sans individualité. Et liberté et individualité s’adossent au travail. Mais en examinant les définitions et composantes de la liberté on voit qu’elles ne se conjuguent pas de la même façon au masculin et au féminin. Après avoir déplié les articulations entre liberté, travail, et citoyenneté on suivra leur évolution pour mettre au jour ce qui perdure aujourd’hui de cette conception sexuée héritée de la philosophie des Lumières et de la révolution française.

Anne Marie Daune-Richard
Sociologue, chercheure honoraire au CNRS, membre d’ArTLib

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27/02/23 – 130 av du Prado
LE MONDE PARTAGÉ
Céline ACKER, Charlotte CREAC’H et Monique PILLANT – Philosophie

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« Le monde partagé » peut sembler entendu. En effet, le monde est par définition ce qui est partagé aussi bien spatialement que temporellement. Nous partageons des territoires et des espaces, des villes et des campagnes. Nous héritons des œuvres du passé et nous en partagerons d’autres à venir : réalisations technique, politique, juridique mais aussi inquiétudes écologiques, éthiques etc.
Que partageons-nous du monde? Le monde partagé peut-il être pensé comme un gâteau où il s’agirait pour chaque être vivant de prendre sa part? Avoir part au monde, territorialement, culturellement, est-ce partager le même monde ? Ne doit-on penser au contraire le partage du monde comme une autre expérience, plus inaugurale : naître au monde comme naître aux autres, non pour obtenir sa part du gâteau, mais au contraire pour se découvrir comme immanquablement liés aux autres? Et qui sont ces autres du monde auxquels l’expérience du monde me lie toujours d’abord? Qu’est-ce que se découvrir comme « un être-lié-par-le-monde »?
Nous pouvons alors entendre l’expression « le monde partagé » davantage comme « partager le monde » qui montre mieux que la question du partage engage nos subjectivités, nos imaginaires, précisément parce que la question du monde, c’est la question de la possibilité d’une action collective.
Comment la pluralité des mondes pose la question de leur rencontre, laquelle ne doit être pensée, ni comme une simple juxtaposition, ni comme une compétition, mais bien comme comme une mise en commun?
Nous voudrions discuter une telle possibilité du monde en affrontant précisément ce qui est difficile, puisque le monde c’est à la fois une pluralité immense, qui apparaît à bien des égards comme chaotique, violente, voire désespérée (on parle de fin du monde) et ce qui ouvre l’horizon sous la forme d’une promesse. En effet, questionner le monde, c’est éprouver que la question de son sens nous est si fondamentale que le monde nous apparaît alors non pas tant comme un donné que comme des actes à envisager (on parle alors de refaire le monde).

Céline ACKER, Charlotte CREAC’H, Monique PILLANT, professeures de philosophie, membres du collectif les Philosophes publics-ques

Bibliographies
Monique Pillant :
Saskia Sassen, Expulsions, Brutalité et complexité dans l'économie globale (2014) 
Anna Lowenhaupt Tsing, Le champignon de la fin du monde, Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme (2015, 2017 pour la trad. française).
Charlotte Créac'h :
Philippe Descola, Par-delà nature et culture, 
Descola et Pignocchi,  Ethnographies des mondes à venir, 
Aldo Léopold, Alamanach d’un comté des sables, 
Bruno labour, Où atterrir
Pelluchon, Réparons le monde
Donna Haraway, Vivre avec le trouble
Macpherson, L’individualisme possessif

Céline Acker :
 le mythe de Prométhée tel qu'il est raconté dans le Protagoras de Platon, 
les dernières pages de La Critique de la raison pratique de Kant, La Critique de la faculté de juger de Kant, 
Condition de l'homme moderne, 
Arendt, La composition des mondes, Descola.

20/02/23 – 61 La Canebière
L’histoire de l’esclavage aux États-Unis
Esther CYNA – Histoire

En 1619, le premier navire en provenance d’Afrique accoste le continent américain, où les colonies britanniques continuent de s’étendre, avec à son bord des centaines de personnes réduites en esclavage. Cet exposé retrace l’histoire de l’esclavage sur le sol étatsunien, son abolition et ses héritages à travers les questions de ségrégation et discriminations raciales historiques et contemporaines.

Esther Cyna est maîtresse de conférences en civilisation américaine à l’université de
Versailles-Saint-Quentin- USVQ-CHCSC et spécialiste de l’histoire de l’éducation.
Elle a effectué une thèse en cotutelle entre l’Université Sorbonne Nouvelle et
l’Université de Columbia, aux États-Unis, sur l’histoire raciale du financement des
écoles publiques en Caroline du Nord, soutenue en 2021.

13/02/23 – 130 av du Prado
LA LIBERTÉ
Bernard LAMIZET – Philosophie

1. Le mot « liberté » « Liberté » vient du latin liber et du grec eleutheros : la libération du lien. La liberté désigne, ainsi, la résistance à la domination du lien Les hommes libres sont ceux qui ne sont pas soumis à une contrainte.

2.. La liberté de la médiation : liberté singulière et libertés collectives. La liberté singulière est celle du sujet : le sujet est sujet pour l’autre. Les libertés collectives sont les libertés de l’adhésion et de l’appartenance. La liberté désigne la médiation de l’identité

3.. La liberté d’être soi. La liberté du sujet dans l’expression de son identité singulière. La liberté et l’expression du psychisme. La liberté et le miroir

4.. La liberté d’expression. La liberté et l’absence de censure. La liberté de la parole et du langage. Liberté et normes de la langue

5.. La liberté des choix politiques. Liberté et indépendance : la possibilité de faire des choix sans dépendre des autre. La loi et la liberté. La liberté et la représentation

6.. Liberté et aliénation. L’aliénation et le lien social. L’aliénation et la liberté : les deux faces de la médiation politique. La liberté et la folie

7.. Les limites de la liberté. La liberté et les impératifs de la vie sociale. La liberté et la subjectivité. La liberté des acteurs politiques

Bernard. Lamizet . Professeur de Sciences de l’information et de la communication à l’Institut d’études politiques de. Lyon

30/01/23 – 130 av du Prado
La fraude scientifique de l’antiquité à nos jours
Caroline Strube – Sciences

La fraude scientifique de l’antiquité à nos jours.

L’histoire des sciences fourmille d’erreurs plus ou moins conscientes, de fraudes avérées et d’impostures. Certaines des plus anciennes ,qui ont été commises par d’illustres savants, ont conduit à des avancées scientifiques majeures et incontestables ; mais d’autres, plus récentes, ont pu troubler des décisions publiques, propager de fausses idées, et même aboutir à des décès qui auraient pu être évités.

Caroline Strube
Chercheure CNRS, laboratoire de neurosciences cognitives, membre de la mission intégrité scientifique du CNRS

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23/01/23 – 61 La Canebière
Liberté et propriété
Alain TRANNOY – Économie

Depuis la Révolution Française, la liberté signifie aussi la liberté de posséder et donc de posséder la terre et le bâti. La Révolution Française a ainsi sanctifié la notion de propriété privée qui est gravée dans le marbre dans la constitution. Pourtant, la propriété privée du sol ne va pas de soi parce que c’est une ressource naturelle. Alors que la terre urbaine est très chère et représente 1/3 de la richesse nationale, son appropriation privée soulève un certain nombre de difficultés qui seront développées dans l’exposé 

Alain Trannoy Directeur d’étude à l ‘École des hautes études en sciences sociales (EHESS) Docteur d’État en Économie Président de l’Association Française de Sciences Économiques (AFSE) 2015-2016 Directeur de l’AMSE (Aix-Marseille School of Economics) 2011-2017 Membre du Conseil d’analyse économique (CAE) 2012-2016

16/01/23 – 130 av du Prado
La Révolution, un vent de libertés
Xavier GOSSET – Histoire

Si la Révolution de 1789 apparait encore pour certains journaux et politiques comme une période de violences et d’atteintes aux libertés, elle reste avant tout pour des millions de Françaises et de Français de cette décennie, une formidable expérience de revendications et de pratiques autour de la Liberté. 1789 est d’ailleurs l’an I de la Liberté.
De récentes créations culturelles viennent rappeler ce vent de libertés qui souffle sur la France à partir de 1789.

Xavier Gosset.
Professeur agrégé d’histoire.
Enseigne au Lycée Saint Charles à Marseille.

09/01/23 – 61 La Canebière
Qu’attendre de la prison ?
Rosmini, Tefas, Rajel – Philosophie

Depuis 2015, les Philosophes Publics ont régulièrement animé des ateliers réflexifs en prison, tout d’abord auprès de détenus (femmes, hommes, mineurs), puis de surveillants et, depuis peu, en réunissant ces deux types de publics. Cette expérience collective, particulièrement riche et intense, a bien sûr suscitée au sein du collectif de nombreux questionnements. Ces derniers portent notamment sur les finalités qu’on peut attribuer à la prison, tant du point de vue de l’individu incarcéré que de la société toute entière. Plus nous intervenons en détention, et plus les attentes envers cette institution nous semblent discutables, incertaines, voire contradictoires. Par ailleurs, se demander ce qu’on peut « attendre de la prison », c’est aussi s’interroger sur ses nécessaires transformations. Rappelons que la France a été condamnée plusieurs fois par les instances européennes en raison de l’état de ses établissements pénitentiaires, et que la plupart des personnes qui y séjournent en sortent dans une situation (sociale, psychologique, etc.) pire que lorsqu’ils y entrent.

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Ce débat sera animé par deux membres du collectif et par quelqu’un qui a connu l’incarcération, et qui en est sorti profondément transformé. Son témoignage, ainsi que les retours d’expériences des ateliers philosophiques organisés aux Baumettes et à l’Établissement Pénitentiaire des Mineurs, serviront de point de départ à la discussion.

Redwane Rajel a découvert le théâtre en prison , ce lui à donné l’occasion de jouer 3 fois au festival In d’Avignon dans des pièces mises en scène par Olivier Py , et de devenir comédien professionnel grâce au célèbre auteur et metteur en scène  Joel Pommerat à  sa sortie de prison.

Christian Tefas. Professeur de philosophie et de yoga, Membre du collectif les philosophes publics.

Marc Rosmini. Professeur de philosophie. Membre du collectif les philosophes publics.

19/12/22 – 61 La Canebière
LAÏCITÉ CARCÉRALE ET RADICALISATION RELIGIEUSE
Bertrand KACZMAREK – Philosophie




Critiquée pour avoir tenté par le passé de modeler les condamnés, l’institution pénitentiaire a depuis les années 1990 opéré un virage important visant à se garder d’exercer la moindre influence sur les personnes incarcérées. Cette quête de neutralité, si elle la préserve de l’emprise, ne va cependant pas sans poser problème. En refusant d’assumer certaines attentes légitimes existentielles des personnes dont elle a la charge, elle génère un terrain favorable à diverses violences. Le discours religieux radical, porté par une communauté apparemment accueillante, peut alors devenir aux yeux de certains une proposition attrayante pour donner un sens à la peine. Dès lors, l’enjeu est d’esquisser les principes d’une peine qui ne soit pas affaire seulement de procédure juridique, tout en respectant la neutralité à laquelle est tenue l’institution.

Bertrand KACZMAREK
Professeur agrégé de philosophie dans l’académie d’Aix-Marseille
A été directeur adjoint dans plusieurs établissements pénitentiaires de Rhône-Alpes
Titre de sa thèse: Le mythe de la neutralité carcérale.

05/12/22 – 61 La Canebière
LIBERTÉ DE LA CIRCULATION DES MARCHANDISES
Thierry LAMBERT – Économie

Les aspects fiscaux de la liberté de circulation des marchandises dans l’Union européenne

Depuis le traité de Rome il est acquis, que pour réaliser le Marché commun, il fallait que la liberté de circulation des marchandises, impliquant la suppression des frontières et la réalisation d’un marché intérieur, soit mise en oeuvre. Ce fut fait, en partie, au 1er janvier 1993 avec un système de TVA intracommunautaire, qui fait que les produits sont imposés non pas dans le pays de fabrication mais dans le pays où ils sont vendus. Le système vient de connaître une évolution notable, depuis le 1er juillet 2021, avec un lieu unique de déclaration pour les entreprises implantées dans différents pays de l’Union européenne. On vient enfin de réaliser, pleinement, le Marché commun.

Thierry LAMBERT
Professeur Aix-Marseille Université
Président de l'institut international des sciences fiscales (2iSF)
Rédacteur en chef de la "Revue européenne et internationale de droit fiscal" (Ed. Bruylant).
Dernier ouvrage "L'impôt dans une économie mondialisée" (Bruylant, 2021)

REGARDEZ

28/11/22 – 130 avenue du Prado
LIBERTÉ ET SOCIÉTÉ DE CONTRAINTE
Renaud GARCIA – Philosophie

Liberté et société de contrainte

Les Calanques, c’est fini. Du moins en saison, pour les téméraires qui, par une inspiration spontanée, auraient aimé se rendre à Sugiton. Durant l’été, il fallait cette année se munir d’un sésame digital (le QR Code) décroché en suivant des procédures numériques, afin d’accéder à la nature. En 2023, l’expérimentation sera pérennisée sur une période plus longue, selon l’administration du Parc, mettant à profit ses partenariats avec les start up marseillaises de la « French Tech ». C’était inéluctable. Dans l’histoire des technologies, rares sont les moments où le provisoire ne s’est pas mué en permanent. Mais l’on s’habitue à tout. Et puis, « si c’est pour protéger », c’est une bonne idée, disent nombre de randonneurs. Notamment ceux qui, alléchés par la carte postale et l’ « attractivité » de notre territoire, ont pris le TGV pour « descendre » à Marseille.

Oui, les habitudes ont été vite prises, qui font bon marché de la spontanéité et de l’aléa, tant que des dispositifs technologiques permettent d’assurer la « protection » et de neutraliser ces irresponsables qui, par leur licence, mettent en péril l’intérêt général. Tel est l’un des argumentaires qui ont déchiré notre société pendant les deux dernières années, d’autant plus à partir de l’obligation vaccinale (dans certaines professions pour sûr, et par défaut afin, pour chacun, de ne pas voir son rayon d’action réduit à presque rien).

En ce sens, nous ne serons jamais quittes du Covid-19. Le prétendu « retour à la normale » peine à masquer le basculement dont la pandémie a été l’occasion : l’emballement de la société de contrainte. Laquelle ne se limite pas au contrôle ou à la surveillance enjeux qui sont le fond de commerce de tous les discours alter-numériques, en faveur d’un Internet éthique, délivré de l’emprise des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon) ‒, mais constitue un système de pilotage automatisé enserrant l’individu de telle sorte qu’il ne puisse que réagir, après coup, au fait accompli technologique. Demandez, pour des exemples ordinaires, aux usagers de la SNCF et de la Poste confrontés à la fermeture des guichets ou des bureaux, aux patients sommés de réserver leur « rendez-vous » médical par Doctolib, ou à tous ceux qui n’ont pas su comment s’opposer à la constitution de leur Espace Numérique de Santé.

Avant de penser, nous arpentons le monde vécu, théâtre de nos expériences familières. Le particulier d’abord, le général ensuite. Chacun peut enquêter là où il vit, autour de ce à quoi il tient, pour élucider en définitive la trajectoire globale de notre société. Ainsi, pour les amoureux de la nature et de la liberté, ce qui se révèle à travers l’accès machinal aux Calanques, c’est la logique du techno-capitalisme (autrement dit, l’accumulation du capital motorisée par l’innovation technologique) pour laquelle rien ne doit excéder la procédure autorisée. Cette logique s’oriente vers un état que certains bons esprits avaient pressenti dès avant la Seconde Guerre mondiale : le monde fini. C’est-à-dire achevé, totalement administré, semblable à une cage d’acier où nous autres, animaux imprévisibles, fonctionnerions comme des rouages. Chacun tournant à vide dans une aire délimitée, en échange de la sécurité du dispositif.

On n’en est pas là, diront les optimistes d’un ton railleur. Mais si nous avions interrogé les promeneurs calanquais il y a trois ou quatre ans, peut-être se seraient-ils récrié contre une atteinte insupportable à leur liberté. Se pourrait-il, une pandémie plus tard, que la liberté pèse trop lourd à beaucoup ? Dans un monde entraîné par la fuite en avant, on n’en est bientôt plus là.

S’ils devaient revenir parmi nous, les philosophes qui, à travers l’histoire, ont soutenu que l’homme est né libre et jaloux de sa « franchise », s’expliqueraient sans doute avec peine le moment malencontreux que nous traversons. Ils ne laisseraient pas de s’étonner que, sous les cryptogrammes des QR Codes, le goût de la liberté soit devenu obsolète. C’est à le sauver de l’oubli que la réflexion de cette soirée sera consacrée.

Renaud Garcia enseigne la philosophie au lycée et s’efforce d’appliquer le principe du refus de parvenir. Ses recherches portent principalement sur l’anarchisme, la critique sociale et la décroissance. Il a récemment publié Pierre Kropotkine ou l’économie par l’entraide (Le Passager clandestin, 2014) et La Nature de l’entraide (ENS éditions, 2015), Le Désert de la critique, Déconstruction et politique (L’échappée, 2015)