Conférence-débat avec Elsa Dorlin de 17h à 19h Bibliothèque de l'Alcazar 58 cours Belsunce Marseille 1er
Se défendre Une philosophie de la violence
En 1685, le Code noir défendait « aux esclaves de porter aucune arme offensive ni de gros bâtons » sous peine de fouet. Au XIXe siècle, en Algérie, l’État colonial interdisait les armes aux indigènes, tout en accordant aux colons le droit de s’armer. Aujourd’hui, certaines vies comptent si peu que l’on peut tirer dans le dos d’un adolescent noir au prétexte qu’il était « menaçant ».
Une ligne de partage oppose historiquement les corps « dignes d’être défendus » à ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables, sont laissés sans défense. Ce « désarmement » organisé des subalternes pose directement, pour tout élan de libération, la question du recours à la violence pour sa propre défense.
Des résistances esclaves au ju-jitsu des suffragistes, de l’insurrection du ghetto de Varsovie aux Black Panthers ou aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie de l’autodéfense politique. Sous l’histoire officielle de la légitime défense affleurent des « éthiques martiales de soi », pratiques ensevelies où le fait de se défendre en attaquant apparaît comme la condition de possibilité de sa survie comme de son devenir politique. Cette histoire de la violence éclaire la définition même de la subjectivité moderne, telle qu’elle est pensée dans et par les politiques de sécurité contemporaines, et implique une relecture critique de la philosophie politique, où Hobbes et Locke côtoient Frantz Fanon, Michel Foucault, Malcolm X, June Jordan ou Judith Butler.
En 2004, Elsa Dorlin soutient la thèse de philosophie Au chevet de la Nation : sexe, race et médecine : XVIIe-XVIIe siècles à l'Université Paris-Sorbonne1. De 2005 à 2011, elle est maître de conférences en histoire de la philosophie, histoire des sciences, à l'UFR de philosophie de l'université Panthéon-Sorbonne.
Elle est élue professeure des universités en 2011: elle enseigne la philosophie politique et sociale à l'université Paris-VIII.
En 2009, elle reçoit la médaille de bronze du CNRS (section 35) pour l'ensemble de ses travaux sur la philosophie et le genre et l'épistémologie féministe.
En 2018, elle reçoit pour son livre Se Défendre. Une philosophie de la violence, le prix Frantz Fanon de la Caribbean Philosophical Association