Archives de catégorie : Toutes les séances

09/12/24 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
L’énergie, fragile trait d’union entre biodiversité, écosystèmes et climat
Nicolas Montès– Écologie

L’énergie, fragile trait d’union entre biodiversité, écosystèmes et climat
L’énergie est le moteur fondamental des écosystèmes : elle circule, se transforme et connecte la biodiversité, le fonctionnement des écosystèmes et le climat. Par la photosynthèse, les plantes captent l’énergie solaire et fixent le carbone pour produire de la biomasse. Cette énergie momentanément immobilisée dans la biomasse circule ensuite jusqu’aux animaux le long des réseaux trophiques. Ces flux énergétiques sont le résultat d’interactions complexes entre espèces, qui assurent les différents services écosystémiques essentiels à notre survie : approvisionnement (nourriture, eau, énergie,…), régulation (climat, érosion, ravageurs,…), maintien (sols, cycle de l’eau et des nutriments,…). Mais ce triptyque —biodiversité, écosystèmes, climat — repose sur des relations de dépendances réciproques dont l’énergie est le vecteur principal, ce qui rend les écosystèmes particulièrement vulnérables aux perturbations climatiques d’origine anthropique, dont les effets se font déjà sentir.

Nicolas Montès
Enseignant, chercheur, Maître de Conférences
Laboratoire LPED (Laboratoire Population Environnement Développement) Aix-Marseille Université

18-11-24 – ANNULÉ
GAÏA, TERRE VIVANTE : HISTOIRE D’UNE NOUVELLE CONCEPTION DE LA TERRE
Sébastien DUTREUIL _ Philosophie

GAÏA, TERRE VIVANTE: HISTOIRE D'UNE NOUVELLE CONCEPTION DE LA TERRE
Qui est Gaïa ? Une proposition scientifique ou un nouveau rapport spirituel, philosophique et politique à la nature ? Gaïa est la divinité grecque qui a surgi après Chaos pour engendrer le monde. Mais c'est aussi le nom que James Lovelock, chimiste et ingénieur anglais, et Lynn Margulis, microbiologiste américaine, ont donné dans les années 1970 à l'hypothèse d'une régulation de l'habitabilité de la Terre par les êtres vivants. Cette figure clivante a généré des débats passionnés dans les sciences, en philosophie, dans la littérature écologiste.
Les critiques la résument à l'idée d'un altruisme biologique global, invalidé par la sélection naturelle et dont il ne resterait que de vaines élucubrations New Age. Lovelock estime quant à lui que l'ensemble de ses réflexions spéculatives sur la Vie et la Terre, élaborées depuis le laboratoire construit dans son garage au fond de la campagne anglaise, est à même de transformer les sciences et la conception moderne de la Nature.
Aucun de ces récits n'est satisfaisant. Ils ne permettent pas de restituer l'immense influence de Gaïa sur les sciences de l'environnement, de la constitution des sciences du système terre au concept d'Anthropocène. Ils masquent les enjeux philosophiques et politiques les plus importants de Gaïa. Cette enquête historique et philosophique cartographie les controverses et propose un nouveau récit. Gaïa est une nouvelle conception de la Terre, un cadre pour penser les pollutions de l'environnement global (climat, ozone, insecticides, pluies acides, etc.). Malgré les réticences qui subsistent à l'évocation du nom de Gaïa, nous pouvons enfin saisir l'influence profonde qu'elle a eue sur les savoirs, les philosophies et les politiques contemporaines de la Terre.
Sébastien Dutreuil est historien et philosophe des sciences, chargé de recherche au CNRS, directeur adjoint du Centre Gilles-Gaston-Granger, à Aix-Marseille université.

04-11-24 – 130 av du Prado 13008
LE MÉTAVERS
Pierre-Yves PEREZ – Sciences

Le métavers est parfois présenté comme étant une évolution naturelle d'internet, mais il présente des spécificités qui en font la fois un outil formidable pour la pédagogie mais aussi redoutable dans l'utilisation commerciale qui peut être faite des mécanismes attentionnels en jeu dans ces nouveaux tiers-lieu numériques
Pierre-Yves PEREZ
Consultant expert en organisation du travail, économiste sociologue de formation (Lest/Cnrs), a fait de la question de l’optimisation des pratiques collaboratives, dont celles à distance, sa spécialité. Particulièrement impliqué dans des actions de professionnalisation d’acteurs et de cartographies de compétences pour l’intelligence collective, il réintroduit le « corps » dans les pratiques pédagogiques via l’ « avatarisation » propre aux « mondes 3D Immersifs » en fondant Immersive-CoLab.


28-10-24 – Mairie des 1&7 arr – 61 la Canebière 13001
REGARD DE L’ÉCONOMISTE DANS LES PRATIQUES MÉDICALES ? 
Bruno VENTELOU _ Économie

La science économique repose sur des méthodes aux caractéristiques bien précises. Ces doctrines et méthodes semblent difficilement applicables aux questions de santé car « la santé n’a pas de prix », entendons-nous dire souvent. Nous discuterons pourtant de l’intérêt potentiel (et des limites !) du regard de l’économiste dans le champ des pratiques médicales. Nous aborderons par exemple :
-Les inégalités sociales face à la santé. 
-Les différences territoriales de financement et d’accessibilité des soins (les « déserts médicaux »).
-les performances comparées des systèmes de santé
Bruno VENTELOU est économiste, Directeur de Recherches au CNRS, membre de l’École d’Économie de l’Université Aix-Marseille. Il est spécialisé dans l’étude des choix et comportements de santé des populations, ainsi que dans l’analyse des performances des services et systèmes de santé. Il est membre du Haut Conseil de la Santé Publique. Il a co-piloté le livre «  Le système de santé français aujourd’hui : défis et enjeux » édité en 2021 pour le 30ème anniversaire du Collège des Economistes de la Santé.

21-10-24 – 130 av du Prado 13008
MUTATIONS SOCIALES ET URBAINES MÉDITERRANÉENNES
Muriel GIRARD – Sociologie

La conférence proposera un regard sociologique sur des transformations contemporaines de villes de la Méditerranée. Il s’agira d’appréhender ce territoire comme un « laboratoire » d’observation de mutations urbaines qui, dans un contexte de crises multiples (sociales, environnementales, économiques, démocratiques, sanitaires), accentuent les inégalités socio-spatiales. En prenant appui sur différentes villes du pourtour méditerranéen, les effets sociaux et spatiaux de politiques et de modèles architecturaux et urbains mondialisés seront mis en regard de pratiques habitantes. 
La conférence s’appuiera sur des enquêtes de terrain menées à Istanbul, à Marseille, au Maroc ainsi que sur la riche littérature existante en sciences humaines et sociales et en études urbaines.
La conférence proposera un regard sociologique sur des transformations contemporaines de villes de la Méditerranée. Il s’agira d’appréhender ce territoire comme un « laboratoire » d’observation de mutations urbaines qui, dans un contexte de crises multiples (sociales, environnementales, économiques, démocratiques, sanitaires), accentuent les inégalités socio-spatiales. En prenant appui sur différentes villes du pourtour méditerranéen, les effets sociaux et spatiaux de politiques et de modèles architecturaux et urbains mondialisés seront mis en regard de pratiques habitantes. 
La conférence s’appuiera sur des enquêtes de terrain menées à Istanbul, à Marseille, au Maroc ainsi que sur la riche littérature existante en sciences humaines et sociales et en études urbaines.

30-09-24 – Mairie des 1&7 arr – 61 la Canebière 13001
LES INÉGALITÉS
Nicolas GRAVEL – Économie

La persistence et, parfois, l'augmentation des inégalités de condition humaine dans les différentes régions du monde demeure sans conteste l'un des plus grand défis que doit affronter notre espèce. Ce défi a été placé à l'avant centre du débat public par le succès mondial d'ouvrages tels que « Discriminations and Disparities » (Sowell, 2018), « The Price of Inequality » (Stiglitz, 2012), « Inequality: What Can Be Done? » (Atkinson, 2015) et le « Capital au XXIème siècle» (Piketty, 2014), et par l'inclusion de l'objectif de réduire les inégalités comme l'un des 17 "objectifs de développement" des Nations Unies. Il n'empêche que cette notion d'inégalité qui attire autant d'attention est complexe, et multiforme. En plus des préoccupations traditionnelles pour les inégalités de revenus, de consommation et de richesse, les débats récents ont insisté sur les questions d'inégalités des chances de succès entre différents groupes sociaux formés selon des critères aussi divers que le genre, l'origine ethnique, la religion ou, en Inde, les castes. La réduction des inégalités entre genres est d'ailleurs considérée par les Nations Unis comme un objectif de développement en lui-même, qui s'ajoute aux objectifs de réduction des autres formes d'inégalités. IUn grand nombre de préoccupations s'expriment par ailleurs en matière d'inégalité de santé, d'éducation, d'accès aux nouvelles technologies ou, en cette période de réchauffement climatique accéléré, d'exposition aux risques environnementaux. En outre, toutes ces inégalités ne frappent les sociétés humaines pas de manière indépendantes les unes des autres. Elles peuvent parfois se renforcer mutuellement ou s'intersecter, en concentrant les handicaps, discriminations et difficultés sur certains groupes particulièrement vulnérables. La présentation fera un point sur la définition de ce qu'est une "réduction d'inégalité" - une définition qui ne va pas de soi - et examinera les prémisses philosophiques qui sous-tendent l'aversion répandue qu'éprouve les humains vis-à-vis de ces inégalités. Elle fournira également quelques données et méthodes statistiques pour évaluer les évolutions récentes des inégalité à la fois au sein de collectivités nationales comme la France et au niveau de la planète envisagée comme "village global".
Nicolas Gravel
Professeur des universités Aix-Marseille Université
Enseignant-Chercheur Aix-Marseille School of Economics (AMSE), Faculté d'économie et de gestion (FEG)

16/09/24 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
Vivons-nous dans un monde de bulles ?
Marc Bernardot – Sociologie

La bulle, phénomène physique désignant une « petite quantité de gaz dans une fine enveloppe sphérique », est devenue une image et un terme récurrents pour décrire certains phénomènes sociaux contemporains majeurs. Les bulles de savon ont pu incarner l’enfance et la poésie chez les peintres comme le français Chardin voire la maternité dans les œuvres japonaises de la période Edo à partir de 1600. Elles ont, dans le même temps, caractérisé la vanité humaine et l’impermanence de l’existence avec le Baroque et dans la peinture hollandaise du XVII eme siècle. Puis elles ont été mobilisées pour dénoncer le mensonge en politique dans les négociations internationales par exemple avec Napoléon 1er ou Nicolas II ou encore l’ivresse économique et la folie spéculative précédant les krachs boursiers de celui de John Law en 1720 à celui de la compagnie Lehman Brothers en 2008. Elles ont symbolisé au XX eme siècle l’isolement prophylactique pour les défenses immunitaires des « bébés bulles », et la protection sanitaire, plus ou moins respectée, contre la contamination notamment durant les dernières pandémies. Depuis le début du XXI eme siècle elles symbolisent d’une part le retranchement social des individus et la mise en relation orientée par les « bulles de filtrage » des réseaux sociaux numériques. D’autre part en tant que « bulles d’interdiction » elles désignent aussi des « zones à statut particulier » dans le cadre de la défense d’un territoire pour des évènements ou activités spécifiques ou durant les récents conflits en Ukraine et dans la bande de Gaza. 
Quel est le rapport de ces bulles en tout genre avec les bulles papales ou d’Or du Saint Empire Romain germanique ? Quels liens avec celles des dialogues des bandes dessinées ou du design de la Pop Culture, de la bulle comme forme architecturale pour des constructions « harmonieuses » ou l’exploration des mondes aquatiques ou intersidéraux ? A partir d’un corpus sociologique et esthétique nous proposons de
1) retracer la généalogie des acceptions du terme du Moyen-Age à nos jours et l’élargissement progressif de ses sens et de ses représentations ;
2) d’appréhender les significations contemporaines de la bulle comme forme, discours, espace et politique et
3) d’estimer les possibles enseignements de ces représentations du monde pour notre futur individuel et collectif. Voulons-nous vivre dans des bulles ? La bulle est-elle dorénavant protectrice ou bien aliénante ? Est-elle douce ou dure, fragile ou étanche, folle ou raisonnable ? Matière à rêverie et à évasion ou enveloppe obsessionnelle de cauchemar ? Que dit la bulle des sociétés contemporaines ?

Marc Bernardot est professeur des Universités en sociologie à Aix-Marseille Université.
Il a dirigé le Centre méditerranéen de sociologie, de science politique et d’histoire (MESOPOLHIS UMR 7064) entre février 2021 et décembre 2023. Ses recherches portent sur la globalisation dans une perspective sémiologique et sociohistorique selon les trois axes de l’espace, des liens entre souveraineté et marché, de la culture. Ses publications couvrent ainsi un domaine situé à l’intersection de la sociologie urbaine et des mobilités, la sociologie de l’Etat et de la société de marché, la sociologie de la culture et des mobilisations.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Clôtures. Sociologie du confinement et de l’effacement » en 2023 (Éditions TERRA-HN), « Habitats non ordinaires et espace-temps de la mobilité » (2014), « Captures » (2012),  » Camps d’étrangers », et de  » Loger les immigrés. La Sonacotra 1956-2006″ en 2008 (Ed. du Croquant). Il a occupé la fonction de directeur de la publication des Éditions TERRA-HN (Marseille) entre 2015 et septembre 2022 et de rédacteur en chef de la revue Asylon(s).Digitales au cours de la même période.

1/07/24 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
A LA RECHERCHE DU BONHEUR – A L’OMBRE DES UTOPIES FLORISSANTES
Isabelle GRAS– Philosophie

A la recherche du bonheur – A l’ombre des utopies florissantes

« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage » (J. du Bellay, extrait du recueil Les Regrets)
Le bonheur serait-il une conquête ? Dans cette conception humaniste, le bonheur résiderait davantage dans la traversée, l’expérience qui apporte « plein d’usage et de raison », qu’importe le nombre d’escales et les désagréments causés par le périple. Le bonheur serait lié à une affaire de chance dont il faudrait se saisir au moment opportun – à la bonne heure.
Mais quel peut-être aujourd’hui le sens du bonheur dans une société incertaine qui sacralise les plaisirs consuméristes et immédiats ?
Peut-on cultiver le bonheur comme des graines qu’on sèmerait dans l’espoir d’un futur plus prospère ? Faut-il partir à la recherche de porte-bonheurs à collectionner comme autant de trophées témoins d’une bonne fortune ?
Si le bonheur apparaissait comme une idée neuve il y a plus de deux siècles sous la plume de Saint-Just, sommes-nous parvenus à disposer toutes et tous d’un égal droit au bonheur ? Ou bien cette quête collective a-t-elle été supplantée par le règne hégémonique d’un épanouissement individuel ?
Isabelle Gras est diplômée de l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence et titulaire d’un Master 2 en administration publique. 
Conservatrice des bibliothèques au Service Commun de la Documentation de l’Université d’Aix-Marseille, elle est responsable des publications numériques en sciences et chargée de mission sur les enjeux d’Open Access et de droit d’auteur.
A ce titre, elle co-anime le groupe de travail national Éthique et Droit pour la diffusion des données en SHS et participe au projet Couperin en faveur de l’accès ouvert aux publications de la recherche

Elle est par ailleurs chargée d’enseignement en culture générale et en sciences de l’information et de la communication à l’IEP d’Aix-en-Provence ainsi qu’à l’Université d’Aix-Marseille où elle intervient également dans le cadre de la préparation aux concours des bibliothèques.

24/06/24 – Société des Architectes – 130 av du Prado
LE LANGAGE DANS LES UTOPIES / DYSTOPIES
Ann COADY – Langage

A quoi ressemble une utopie et quel role y joue le langage ? Dans cette présentation, nous allons explorer plusieurs types de projets utopiques linguistiques : le mythe de la Tour de Babel, les langues philosophiques du XVIIe, les langues auxiliaires internationales comme l’Espéranto, et le langage dans les romans utopiques féministes de la deuxième moitié du XXe siècle.

Mais qui dit utopie, dit aussi dystopie. Ce sont, en effet, deux faces d’une même pièce car l’utopie d’une personne peut très bien être la dystopie d’une autre. Dans son célèbre roman 1984, George Orwell décrit un monde (basé sur les pratiques langagières réelles de l’Union Soviétique à l’époque) dans lequel la libérté d’expression n’existe pas et dans lequel certains mots, comme liberté, sont interdits avec l’objectif d’éliminer le concept lui-même. Le langage devient, contrairement aux projets utopiques, un outil dystopique au service des puissants.

On verra que le langage est un élément de base dans toute utopie et toute dystopie.
Ann Coady est maître de conférences en linguistique à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3.
Elle a terminé son doctorat à Sheffield Hallam University en 2018.
Ses recherches portent sur le genre et la langue, plus spécifiquement la réforme linguistique féministe en anglais et en français, les discours et les idéologies utilisées dans les débats sur le langage sexiste dans les médias.

17/06/24 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
LA POST-CROISSANCE EST-ELLE UNE NOUVELLE UTOPIE ?
Gilles DUFRÉNOT– Économie

"La post-croissance est-elle une nouvelle utopie? 
Entre radicalités et complexité"

Les idées de la post-croissance ont le vent en poupe, car d'aucuns la voient comme un levier possible pour une prospérité soutenable et partagée. Est-ce une nouvelle utopie au XXIème siècle, alors que le capitalisme cherche à se métamorphoser pour continuer d'exister? Les positions les plus radicales prônent la décroissance, l'instauration d'un revenu universel, une déglobalisation des économies, tandis que d'autres recherchent une voie médiane vers un régime d'accumulation capitaliste plus respectueux de l'environnement et moins couteux en termes d'inégalités. Quel contenu concret donner à la notion de sobriété, alors que plusieurs centaines de millions de personnes meurent encore de fin sur la planète? Jusqu'où doit aller le partage de la prospérité? Les pays riches peuvent-ils faire une pause dans leur rythme de croissance, en attendant d'être rejoints par les nations émergentes et pauvres? Doivent-ils être plus ouverts au partage des connaissance technologiques? Dans un monde où la conflictualité géopolitique entre nations est de nouveau exacerbée, où les jeunes générations sont en quête de sens, peut-on parvenir à une "sobriété heureuse" sans radicalité? Gilles Dufrénot examine les enjeux de la post-croissance en décryptant la complexité de ses rouages et les métamorphoses profondes qui caractérisent un nouveau régime d'accumulation capitaliste qui se cherche. 
Gilles Dufrénot est Professeur des Universités à Sciences Po Aix. Spécialiste de macroéconomie internationale, il travaille sur les unions économiques et monétaires, la stagnation séculaire, les politiques monétaires, budgétaires et de croissance.

Il a publié des articles et ouvrages sur ces sujets. Son livre “Les pauvres vont-ils révolutionner le XXIème siècle, transcender le capitalisme”, publié en 2018 aux Editions Atlande (Paris) a été récompensé par le Prix du Jury Turgot (médaille d’argent) et le Prix de l’AFSE.

Parallèlement à sa carrière académique, Gilles Dufrénot a également exercé comme expert pour des organisations internationales et de grands établissements publics. Il a été conseiller du Commissaire chargé des politiques économiques à la Commission de l’UEMOA.

10/06/24 – Société des Architectes – 130 av du Prado
CHANGER LA VIE PAR NOS FICTIONS
Nancy MURZILLI – Philosophie

Pour un monde de fictions ?
Les fictions sont-elles l’avenir d’un monde en plein bouleversements où la maîtrise des imaginaires est devenue un enjeu de pouvoir ? Et si elles n’étaient pas seulement un travail de l’imagination, mais aussi un moyen de performer le possible, de construire des futurs habitables, de prophétiser nos vies ? 
Nancy Murzilli
Professeure à l’Université Paris 8.
Philosophe et théoricienne de la fiction, elle enseigne la littérature française.
Nancy Murzilli s’intéresse à la littérature et à son pouvoir d’action sur le réel, les individus et la société.
Ses recherches portent également sur la rencontre de la littérature avec d’autres formes artistiques.

03/06/24 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
L’ESPRIT CRITIQUE : LA SOLUTION POUR UN MONDE MEILLEUR ?
Denis CAROTI – philosophie

Former l'esprit critique. L'injonction est partout présente : dans les médias ou dans l'éducation, provenant de la sphère politique ou académique, l'esprit critique serait la panacée pour lutter contre (au choix) la désinformation, les complotistes, les croyants, et faire ainsi sortir des ténèbres les plus crédules d'entre nous. Qu'en est-il réellement ? Quels sont les objectifs de cette "éducation à l'esprit critique" qui fait l'actualité et s'impose dans les prescriptions et les thématiques de recherches depuis bientôt 10 ans ? Que sait-on des effets de ces cours et formations qui se développent ? Pour y répondre il faudra d'abord définir ce qu'est l'esprit critique, ce à quoi il aspire et surtout, en quoi il peut répondre aux problèmes de notre société actuelle.
Denis Caroti, Docteur en épistémologie, enseignant, formateur académique et chercheur associé au Centre Gilles Gaston Granger d’Aix-Marseille Université sur la thématique de la pensée critique. Cofondateur du CORTECS (Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique & sciences)· Cofondateur de l'Association Marseille Zététique.Formateur à l'INSPE et chargé de mission au rectorat d'Aix-Marseille. Ses travaux et interventions portent sur l'éducation à l'esprit critique.

13/05/24 – Société des Architectes – 130 av du Prado
LA SÉDUCTION : UN « DÉFI » POUR LES ENSEIGNANTS ?
Catherine CAZENAVE – Philosophie

« Il faut séduire les élèves ! ». II est devenu fréquent, de nos jours, d’entendre certains chefs d’établissement faire l’injonction aux professeurs de « séduire » les élèves. On retrouve d’ailleurs cette même injonction dans les centres de formation des nouveaux enseignants. La séduction est soudainement apparue comme ce qui manquait à la « professionnalisation » des enseignants. De nombreux chercheurs « experts » en éducation envisagent ainsi sérieusement de penser la séduction comme une nouvelle stratégie professionnelle devenue incontournable dans la relation pédagogique…
Mais de quoi parle -t-on quand on parle de séduction au sein d’un établissement scolaire? Et en quel sens la séduction, dans notre société néo-libérale, vise -t-elle à introduire de nouvelles formes d’efficacité dans le domaine de l’éducation ?

Catherine Cazenave 
Professeure formatrice débats philosophiques, éducation à la citoyenneté, éducation morale, Steam building : recherches sur les processus de création aléatoires.

11/05/24 à 11 h 00 – Bibliothèque de l’Alcazar – 58 cours Belsunce
Du taudis au Airbnb
Victor COLLET – Sociologie

Du taudis au airbnb

Petite histoire des luttes urbaines à Marseille (2018-2023)

https://agone.org/livres/du-taudis-au-airbnb

La conversion du taudis au Airbnb n’est pas l’unique facteur dans la crise du mal-logement qui s’accélère à Marseille. Elle n’est pas la plus déterminante ou la seule raison de l’implantation forcenée de la plateforme non plus. Mais la crise des effondrements et du confinement conjuguées ont offert un terreau particulièrement fertile à une plateforme qui affectionne tant les crises et qui accélère voire démultiplie en retour le mal-logement qui en facilitait l’essor. Boucle vertueuse et spéculatrice pour les uns, boucle maligne et infernale pour les habitants. L’explosion du juteux marché du « meublé » et cette reconversion de l’insalubrité marseillaise lui donnent en tout cas une saveur toute particulière : amère et franchement sordide.

Novembre 2018, Marseille, rue d’Aubagne. Deux immeubles s’effondrent sur leurs habitants : huit morts, une ville traumatisée, une mairie qui fuit toute responsabilité. Triple effondrements : physique, moral, politique. Pourtant, la catastrophe était prévisible, presque annoncée, tant la gestion urbanistique de la deuxième ville de France dysfonctionne depuis trop longtemps.

Connue pour ses marchands de sommeil, qui exploitent sans vergogne le besoin de logement des plus précaires en louant à des prix exorbitants des bâtiments indignes, Marseille est désormais en proie à une frénésie de la rénovation. Détruire puis reconstruire pour rendre la métropole enfin attractive et rentable : l’occasion est trop belle de déplacer les populations pauvres et issues de l’immigration du centre-ville, au gré des mises en péril, plus ou moins légitimes. Gentrification, touristification, soutenue par l’explosion d’Airbnb et l’absence de réglementation de la plateforme. Mais tout cela ne se fait pas sans une certaine résistance populaire. Les luttes pour l’accès à un logement digne préexistent à l’effondrement mais changent de dynamique avec le tourisme et l’installation massive de néo-marseillais, qui participent à l’explosion immobilière.

Né en 1982, Victor Collet a vécu, mené ses recherches et milité dix ans à Nanterre, des luttes de quartier à la défense des étrangers et auprès des habitants des bidonvilles d’aujourd’hui.

06/05/24 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
L’ÉTHIQUE COMME UN PERMANENT DÉFI
Yves PILLANT – Philosophie

L’éthique comme un permanent défi adressé au politique

Certains grands philosophes ont posé, comme une situation naturelle première, des humains qui s’entre-déchirent. Ce point de départ leur a permis de penser l’État et le droit comme nécessaires pour réguler cet état de nature.
Emmanuel Levinas met en cause ce soubassement qui justifie l’édifice d’un contrat social qui symétrise nos rapports et absorbe la dimension unique de chaque une et de chaque un dans une société-masse. Dans cette approche, la visée éthique de nos relations semble difficilement compatible avec une politique surplombante qui parle d’ordre une fois qu’elle a rétréci nos liens à de simples « rapports ».
Nous aborderons donc l’articulation entre éthique et politique, posant l’éthique comme un permanent défi adressé au politique. Nous en viendrons à regarder la possible ou impossible place de la vulnérabilité en politique et les enjeux actuels pour ce qu’on nomme vivre-ensemble.

Yves PILLANT 
est à la retraite. Docteur en Philosophie , il est membre associé du Laboratoire interdisciplinaire LIR3S (Recherches Sociétés Sensibilités Soin) du CNRS.
Il a écrit un livre sur « une philosophie de la rencontre. Lecture de notre réalité commune avec Emmanuel Levinas ».