La liberté de l‘individu est au principe de la citoyenneté démocratique moderne. La liberté fonde l’individualité qui constitue le socle de la citoyenneté : pas de citoyenneté sans individualité. Et liberté et individualité s’adossent au travail. Mais en examinant les définitions et composantes de la liberté on voit qu’elles ne se conjuguent pas de la même façon au masculin et au féminin. Après avoir déplié les articulations entre liberté, travail, et citoyenneté on suivra leur évolution pour mettre au jour ce qui perdure aujourd’hui de cette conception sexuée héritée de la philosophie des Lumières et de la révolution française.
Anne Marie Daune-Richard Sociologue, chercheure honoraire au CNRS, membre d’ArTLib
En prison, des paroles invalidées aux récits possibles.
S’intéresser aux récits en prison, c’est regarder la façon dont la réalité s’y trouve énoncée et donc figurée. Quels sont les récits, et qui en sont les producteurs et les destinataires ?
Leïla Delannoy-Aïssaoui nous invite dans cette intervention à réfléchir aux paroles en prison et sur la prison, aux cadres d’intelligibilité qu’elles fabriquent, parfois édifient, à ce que l’organisation des narrations nous fait, et nous indique sur les rapports sociaux.
Comment les représentations du réel se constituent dans la parole émise ? En prison, qui énonce, où et comment ? Quels sont les différents récits qui existent et circulent ?
A partir de recherche-actions menées dans plusieurs secteurs du centre pénitentiaire de Marseille, elle viendra partager ce qu’elle engage comme expérimentations en sciences sociales avec les personnes détenues et les surveillants sur ces questions de récits, de langage et de représentations, pour finalement parler du rapport politique aux personnes privées de liberté. Repenser ce qu’il est possible de faire avec les personnes détenues et les travailleurs en prison, la façon de se tenir ensemble dans un établissement, c’est aller jusqu’à toucher à la demande sociale adressée à la prison, au sens du travail pénitentiaire…au sens de la peine. Parler de la prison dans ce qu’elle soutient ou pas comme énoncé du monde social dans lequel elle est prise et dont elle constitue un pivot.
Leïla Delannoy-Aïssaoui. Docteure en sociologie
Depuis 3 ans, elle mène des recherches-actions au sein de la Direction Interrégionale de l’Administration Pénitentiaire (DISP) de Marseille. Elle travaille actuellement sur différents sujets en particulier : la violence carcérale, le métier de surveillant, la création artistique en prison.
Depuis le choc pétrolier, des Égyptiens tentent d’échapper à la précarité et à d’autres considérations d’ordre religieux, politique ou familial, et se tournent notamment vers les pays européens. Les flux migratoires d’Égypte vers l’Europe correspondent à un phénomène durable aussi invisible qu’inégalement réparti entre les pays européens, et ce depuis les années 1980. Si un regain d’intérêt médiatique et scientifique est à noter concernant les mobilisations politiques dans les pays arabes, il ne faut pas oublier que ces mobilisations ont aussi eu un écho dans des pays d’installation où les ressortissants se sont organisés parfois pour la toute première fois. C’est d’ailleurs le cas des Égyptiens installés en France pour qui la « révolution du 25 » a marqué le point de départ d’une structuration collective sans précédent.
Célia LAMBLIN, docteur en sociologie du Laboratoire méditerranéen de sociologie et du laboratoire Population-environnement et développement de Marseille
Pourquoi les grands projets urbains peinent-ils tant à intégrer les habitants ? Élaboré à la fin des années 1980 et décrété Opération d’intérêt national en 1995, le projet Euroméditerranée a été conçu comme une réponse aux difficultés socio-économiques, urbaines et symboliques de Marseille. L’ambition du projet, envisagé comme « une thérapie de choc », était double : rénover le centre-ville et proposer un urbanisme de processus, inclusif et évolutif (Pinson 2009), à même de respecter l’existant. Aujourd’hui encore, les multiples objectifs du projet, de la modernisation des infrastructures au développement des institutions culturelles de la ville, visent à « rompre avec la spirale du déclin économique de Marseille » sans « chasser les pauvres ». La question de la pauvreté est centrale pour comprendre les projets de rénovation urbaine à Marseille. La subsistance d’un centre-ville populaire et résistant à la gentrification (Mateo-Escobar 2012), capable de s’effondrer sous une pluie insistante, constitue une raison de l’élaboration du projet Euroméditerranée dès la fin des années 1980. Mais alors que l’ancienne équipe municipale n’avait pas caché ses intentions de « nettoyer » le centre-ville de ses populations pauvres et (d’origine) immigrée (Ascaride et Condro 2001), l’Établissement public d’aménagement d’Euroméditérranée (EPAEM) se distingue par la volonté affichée d’assurer le maintien des populations en place dans la ville : moderniser tout en respectant l’existant. La supposée noblesse du combat pour « la ville de demain, durable et innovante », visant à faire advenir ce que le centre-ville « traditionnel » n’a jamais su devenir. Quelle que soit l’humanité des aménageurs, la ville nouvelle à créer, comme son aînée abîmée, demeure sourde à ses administrés dès qu’il s’agit de projeter et de faire. Comme si l’aménagement, quelle que soit l’humanité de ses acteurs, était condamné, par son univers épistémologique et pratique, à demeurer insensible à la ville habitée (Paquot 2005).
Marie BESCHON est docteure en anthropologie. Elle a soutenu sa thèse (dir. Michel Agier, EHESS) en 2019 : « Euroméditerranée ou la ville de papier : ethnographie du monde des aménageurs ». Son doctorat fait suite à un master à l’Institut d’Études Politique de Paris et une maîtrise de philosophie à l’Université d’Aix-Marseille. Elle mène actuellement des ateliers d’éducation populaire au sein du Collectif Manifeste Rien en tant que médiatrice socio-culturelle. Elle a depuis intégré l’Institut Régional du Travail social PACA pour mener des cours de méthodologie et d’initiation à la recherche.
Bien qu’ils alimentent la chronique politico-médiatique, les règlements de comptes entre malfaiteurs perpétrés dans la métropole marseillaise ne représentent pas un phénomène nouveau. Les homicides entre bandits ont diminué en 30 ans en raison de l’état des marchés criminels, l’usage de la kalachnikov et du « barbecue » n’est pas inédit, les enjeux des meurtres sont toujours les mêmes (compétitifs, transactionnels, de délation …).
En revanche, les rationalités et usages de ces meurtres sont l’objet de recompositions. L’homicide, intentionnel ou impulsif, tend à devenir un mode comme un autre et non plus l‘ultime moyen de traitement des affaires des malfaiteurs. Ce serait là la nouveauté des années 2010 si tant est qu’il y ait nouveauté.
De nombreuses porosités existent entre les différentes formes de banditisme. Les néo-bandits constituent les futurs grands bandits, les narco-bandits représentent les uns et les autres œuvrant dans les trafics de stupéfiants.
Anne Kletzlen
Docteure en droit
Chercheuse associée au MESOPOLHIS (axe 6 : normes, déviances, savoirs de gouvernement), UMR 7064 (CNRS/Sciences po/AMU).
Ses recherches portent sur les processus de création et de mise en œuvre des lois et des politiques publiques dans deux domaines : la sécurité routière et la délinquance organisée. Dans ce dernier domaine, elle a travaillé sur les régulations juridiques des trafics de stupéfiants et de cigarettes, du blanchiment de leurs produits et sur les règlements de comptes entre malfaiteurs. Sur ce point, elle a restitué les processus de production de ces homicides et les enjeux de ces crimes (cf. livre Bandits contre bandits, PUP, 2020).
Michel Guérin est écrivain et philosophe, auteur d’une trentaine d’ouvrages. Ancien directeur des Instituts français de Vienne, puis d’Athènes, professeur émérite de l’Université d’Aix-Marseille et membre honoraire de l’Institut universitaire de France.
La Ve République peut-elle, soixante ans après sa fondation, continuer sa route ou bien est-elle à bout de souffle ? Est-elle réformable ou faut-il la déclarer moribonde et songer à la remplacer ? L’auteur, convaincu qu’il importe de maintenir son cadre et ses principes, examine à la fois les entorses qu’elle a subies du fait des hommes politiques durant les récentes décennies, et les défis que l’évolution des moeurs et la violence de l’histoire lui ont lancés. Leur conjugaison aboutit à neutraliser, voire inhiber des ressorts qui auraient dû être utilisés pour surmonter les crises. Tant l’autorité de l’État que la vie démocratique ont souffert de la malencontreuse instauration du quinquennat. Cloner l’Assemblée et le Président revient en effet à affaiblir l’un et l’autre, à paralyser les partis et les syndicats et, finalement, à déconsidérer l’ensemble des acteurs de la politique. C’est pourquoi l’auteur appelle de ses vœux le rétablissement du septennat, ainsi que le vote obligatoire et la pondération du scrutin majoritaire par une dose de proportionnelle.
Simon Luck est docteur en science politique, chargé de cours à l’université de Tours et chercheur associé au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP-CRPS Paris, UMR 8209). Ses recherches portent sur les comportements politiques, et en particulier l’engagement protestataire et le militantisme anarchiste.
Stéphanie Dechezelles est maîtresse de conférences en science politique à l’institut d’études politiques d’Aix-en-Provence et chercheuse au CHERPA (EA 4261). Elle a notamment codirigé (avec S. Cadiou et A. Roger), Passer à l’action. Les mobilisations émergentes, Paris, L’Harmattan, 2007 et le numéro «Enquêter dans les partis. Perspectives comparées» pour la Revue internationale de politique comparée (avec M. Aït-Aoudia, C. Bachelot, L. Bargel, H. Combes, N. Ethuin, F. Haegel, C. Leclercq, E. Massicard et A.-S. Petitfils).
Cet ouvrage s’attache à retracer les liens multiples qu’entretiennent les partis politiques et les mouvements sociaux. À travers la mise en perspective d’exemples passés et actuels, européens, africains ou américains, ce sont les diverses façons de s’investir politiquement qui sont décryptées ici. Les auteurs montrent que plutôt qu’opposer différentes formes d’engagement et d’organisation, il convient d’analyser concrètement les interactions entre les mouvements protestataires et les institutions partisanes, pour comprendre plus largement comment se structurent les régimes politiques et saisir les dimensions plurielles de la citoyenneté.
« Le meilleur moyen – d’avoir toujours raison – est bien sûr en premier lieu d’avoir vraiment raison, mais vu la mentalité des hommes, cela n’est pas suffisant en soi, et vu la faiblesse de leur entendement, ce n’est pas absolument nécessaire. Il faut donc y adjoindre d’autres stratagèmes. » Quels sont ces stratagèmes dont parle Schopenhauer ? Si le repérage de ces arguments fallacieux et autres sophismes dans un discours n’est pas une fin en soi, il permet néanmoins d’exercer son esprit critique face aux discours trompeurs, et de gagner ainsi en autonomie intellectuelle.
Denis CAROTI Professeur certifié de Sciences physiques et chimiques, formateur, et référent académique pour le dispositif Esprit critique au sein du Service Vie Scolaire Cofondateur du CORTECS Doctorant - Université d’Aix-Marseille Thèse en cours : La formation à la pensée critique dans le système éducatif français : une approche transdisciplinaire Chargé de cours AMU pour le Collège Doctoral et la faculté des sciences transdisciplinaire
La nature, le naturel, sont devenus des arguments de communication largement utilisés pour inciter à changer les modes de consommation mais également pour (continuer à) légitimer des systèmes de domination visant certaines catégories de personnes.
Qu'en est-il ?
Qu'est-ce que cette "nature" et quelle place pour les êtres humains ?
Denis CAROTI
Professeur certifié de Sciences physiques et chimiques, formateur, et référent académique pour le dispositif Esprit critique au sein du Service Vie Scolaire
Cofondateur du CORTECS
Doctorant - Université d’Aix-Marseille
Thèse en cours : La formation à la pensée critique dans le système éducatif français : une approche transdisciplinaire
Chargé de cours AMU pour le Collège Doctoral et la faculté des sciences transdisciplinaire
Projet de recherche : Travail et liberté au XXIe siécle
https://imera.univ-amu.fr/fr/node/4124 Le projet se situe dans le champ interdisciplinaire délimité par les questions suivantes: quelles retombées en termes de liberté – individuelle et collective; morale, sociale et politique – sont en train de produire les révolutions qui bouleversent aujourd’hui l’expérience, typiquement humaine, que nous appelons « travail »? En quelles formes sera-t-il possible à l’avenir d’interpréter le travail pas seulement comme une source de pathologies sociales dramatiques et envahissantes, mais aussi comme une source fondamentale et problématique de liberté? Quel genre de narrations et représentations orientées à l’émancipation – au niveau micrologique : mythologies personnelles, histoires et parcours de vie; et macrologique : philosophies de l’histoire, diagnostics et ontologies du présent – pourront encore avoir comme protagoniste, principal ou marginale, l’individu en relation avec son travail et en quête de sa liberté ?
Cette conférence portera sur les formes contemporaines du travail dans ses rapports avec la liberté. Après une clarification des notions de travail et d’activité, nous évoquerons certains aspects du travail tel qu’il est organisé et vécu aujourd’hui, ceci à la lumière des figures types élaborées par notre atelier Travail et Liberté : libérer le travail, se libérer dans le travail, hors le travail… Ce sera l’occasion d’échanger sur des enjeux majeurs qui se cristallisent notamment autour des notions de subordination, d’émancipation et de démocratie dans l’entreprise.
Christophe MASSOT
Docteur en sciences de gestion
Expert santé/travail pour les CSE et CHSCT
Membre associé du Centre de Recherche sur le Travail et le Développement. Membre d'ArtLib
Dernière publication. 2020 « Repenser l’organisation du travail avec les acteurs : expérimentation dans une clinique psychiatrique », Kornig C, Massot, Actualité et dossier en santé Publique,
ADSP, La Documentation Française, mars, p.33.
José Rose
Professeur émérite de sociologie à Aix Marseille Université et membre du LEST-CNRS
Publications de recherche récentes :
Qu'est-ce que le travail non qualifié ? (La Dispute, 2012)
Mission insertion : un défi pour les universités (Presses universitaires de Rennes, 2014)
Domaines de recherche et compétences
► Les relations entre formation et emploi, entre école et entreprises
► L'insertion professionnelle des jeunes et les transitions professionnelles
► Les transformations du travail et de l'emploi
► L'évolution du système éducatif et de l'enseignement supérieur
La métropolisation serait-elle l’horizon indépassable du développement territorial ? L’urbanisation du monde qui a franchi le seuil des 50 % en 2007 devrait atteindre 66 % en 2050. Parallèlement le poids économique des grandes villes devrait encore se renforcer. En 2007, on estimait que les 600 plus grandes agglomérations du monde, toutes de plus d’un million d’habitants, fournissaient 38 % du PIB mondial. Et cette polarisation de la richesse dans les très grandes villes devrait encore s’accélérer (notamment dans les pays du Sud) pour atteindre 60 % dès 2030. Cette croissance va de pair avec de profonds déséquilibres sociaux et environnementaux à l’intérieur et à l’extérieur des métropoles. En même dans que la richesse s’accroit pour les groupes détenteurs de patrimoine, la précarité de revenu et d’emploi s’accroit pour le plus grand nombre. Parallèlement, les pollutions, le recul de la biodiversité, les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre sur ces territoires atteignent des records (70 % d’entre elles proviendraient directement ou indirectement des métropoles). Dans ces conditions, les quêtes d’alternatives aux formes actuelles de la métropolisation se multiplient. Depuis quelques décennies, la perspective d’une « alter métropolisation », davantage soucieuse d’équité entre territoires et groupe sociaux, apparait en filigrane dans certaines politiques publiques. D’autres approches voient dans les solutions technologiques la possibilité de promouvoir des villes plus durables et intelligentes (smart cities). En pratique, un grand empirisme politique domine dans les tentatives de réforme du modèle métropolitain. Il convient d’en saisir les avancées et les limites à travers quelques cas concrets.
La transition numérique, qui touche, à des rythmes certes différents, tous les secteurs de l'activité humaine, a atteint ces dernières années la gestion des villes. Ce qu'on appelle "smart city", "safe city", "digital city" etc. induit ainsi, à plus ou moins bas bruit, des transformations assez profondes des modes de gestion des villes, mais aussi des rapports économiques et sociaux entre les citoyens et les divers acteurs (économiques, politiques, sociaux…) de la ville.
Que peut-on en attendre ?
Quels espoirs peut-on fonder sur ces transformations ?
Quelles craintes est-on fondé à entretenir ?
Quelles perspectives politiques tracer ?
Politologue. Après une formation en science politique et des recherches en sociologie et géographie électorales, Joël Gombin participe à la création de Datactivist, une société coopérative spécialisée qui veut rendre les données utiles et utilisées, société dont il est également le dirigeant.
Publications
Avec Pierre Mayance, Droit(es) aux urnes en région PACA ! : l'élection présidentielle de 2007 en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Paris, L’Harmattan, coll. « Cahiers politiques », 2009.
« Le Front national en Provence-Alpes-Côte d’Azur », dans Pascal Delwit (dir.), Le Front national : mutations de l’extrême droite française, Bruxelles, Éditions de l'université de Bruxelles, 2012.
« Le changement dans la continuité : géographies électorales du Front national depuis 1992 », dans Sylvain Crépon, Alexandre Dézé et Nonna Mayer (dir.), Les Faux-Semblants du Front national : sociologie d'un parti politique, Paris, Presses de Sciences Po, coll. « Académique », 2015
Le Front national, Paris, Eyrolles
Coline Houssais est une spécialiste des cultures du monde arabe. Passée par l’Institut d’Études Arabes de Damas, elle enseigne désormais à Sciences Po. Traductrice, journaliste, productrice, elle a créé deux performances musicales : les Rossignols de Bagdad, sur l’âge d’or de la musique irakienne, et Casseta, sur les archives sonores de la communauté kabyle en France. Coline habite en général dans un train, entre deux voyages.
"Ceci n'est pas un voile - évolutions & représentations du couvre-chef féminin en France et en Méditerranée : approches comparées" interroge autour d'un élément traditionnel et contemporain multiforme du vestiaire féminin en France, Algérie et Italie le rôle social et politique extrêmement fort que joue la représentation -par ce qui est couvert ou découvert- du corps des femmes. Par-delà les questions d'actualité qui ont durablement marqué la France ces dernières décennies (affaire du voile à l'école, puis du voile des accompagnantes scolaires, de la burqa, du burkini, le mouvement #balancetonporc, #metoo et la mobilisation constante de certains groupes féministes pour lutter contre le harcèlement de rue), il est nécessaire d'interroger de manière critique via la mise en valeur d'un patrimoine matériel national, notre relation historique complexe à la présentation du corps féminin dans l'espace public comme dans l'espace privé. S'inscrivant pleinement dans le cheminement professionnel et intellectuel qui est le mien depuis plusieurs années déjà, cette étude de l'archive et du patrimoine, loin de glorifier une quelconque image d'Epinal de nos sociétés, permet au contraire une lecture plus nuancée d'un passé riche et complexe à même de nous éclairer sur les enjeux multiples de l'habillement féminin aujourd'hui et d'y poser un regard constructif. L'approche comparative est ici nécessaire car elle permet de décentrer le regard et de rappeler que le modèle français n'est qu'un modèle parmi d'autres, tout en élargissant la perspective à deux autres pays méditerranéens de tradition respectivement musulmane (l'Algérie) et catholique (l'Italie) afin de faire émerger des points communs aux trois cas retenus. Cette démarche s'inscrit tout d'abord dans les travaux de Germaine Tillion sur le creuset commun aux sociétés méditerranéennes en ce qui concerne les structures familiales et le comportement des femmes qui en découle. A la fois artistique et citoyenne, elle permet ensuite la réappropriation collective d'un patrimoine vestimentaire divers qui a tendance à diviser, à travers une réflexion à mener sur la valorisation de cet aspect essentiel des sociétés et du patrimoine méditerranéens à la fois dans un cadre muséal et en-dehors de ce dernier. Notamment comment ajouter la dimension essentielle du toucher à l'exposition d'objets constitués d'étoffe ? Et comment intégrer en pleine conscience représentations et héritage que comporte le port régulier ou occasionnel de certains couvres-chefs au quotidien ?
Lien web : www.ustaza.parisBio :
Née en 1987 à Nantes, Coline Houssais est une auteure, commissaire et chercheuse indépendante spécialisée sur l’histoire culturelle de l’immigration arabe en Europe ainsi que sur les musiques du monde arabe. Enseignante à Sciences Po (dont elle est diplômée au même titre que l'Institut Français d'Etudes Arabes de Damas, l'INALCO et la London School of Economics), elle fait partie du programme de résidence de la Fondation Camargo 2020 pour un projet d’installation multimédia sur les archives sonores de la communauté kabyle en Ile-de-France et à Marseille. Fondatrice de Ustaza à Paris - l’Agence Ustaza, elle a créé et produit « Les Rossignols de Bagdad », une lecture mise en musique et en image sur l’âge d’or de la musique irakienne. Coline contribue régulièrement à divers médias et revues généralistes et spécialisées (dont les deux premiers volumes de la collection Araborama publiée par l'Institut du Monde Arabe aux éditions du Seuil) et est également traductrice trilingue pour le cinéma et l'art contemporain. Elle est enfin l'auteure de "Musiques du Monde Arabe, une anthologie en 100 artistes" (Le Mot et le Reste, 2020).
Curriculum Vitae:
cv_coline_houssais.pdf
Esther Cyna est historienne spécialiste de l’histoire de l’éducation aux États-Unis à la fin du XXème siècle.
Sa thèse, effectuée en co-tutelle entre l’Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3) et Columbia University (New York) porte sur le racisme et les inégalités dans le financement des écoles publiques dans le Sud des États-Unis. Elle a publié dans des revues d’histoire, d’éducation et d’études américanistes. Agrégée d’anglais et ancienne élève de l’ENS de Lyon, elle enseigne en civilisation américaine et langue anglaise.
Elle enseigne à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne