La persistence et, parfois, l'augmentation des inégalités de condition humaine dans les différentes régions du monde demeure sans conteste l'un des plus grand défis que doit affronter notre espèce. Ce défi a été placé à l'avant centre du débat public par le succès mondial d'ouvrages tels que « Discriminations and Disparities » (Sowell, 2018), « The Price of Inequality » (Stiglitz, 2012), « Inequality: What Can Be Done? » (Atkinson, 2015) et le « Capital au XXIème siècle» (Piketty, 2014), et par l'inclusion de l'objectif de réduire les inégalités comme l'un des 17 "objectifs de développement" des Nations Unies. Il n'empêche que cette notion d'inégalité qui attire autant d'attention est complexe, et multiforme. En plus des préoccupations traditionnelles pour les inégalités de revenus, de consommation et de richesse, les débats récents ont insisté sur les questions d'inégalités des chances de succès entre différents groupes sociaux formés selon des critères aussi divers que le genre, l'origine ethnique, la religion ou, en Inde, les castes. La réduction des inégalités entre genres est d'ailleurs considérée par les Nations Unis comme un objectif de développement en lui-même, qui s'ajoute aux objectifs de réduction des autres formes d'inégalités. IUn grand nombre de préoccupations s'expriment par ailleurs en matière d'inégalité de santé, d'éducation, d'accès aux nouvelles technologies ou, en cette période de réchauffement climatique accéléré, d'exposition aux risques environnementaux. En outre, toutes ces inégalités ne frappent les sociétés humaines pas de manière indépendantes les unes des autres. Elles peuvent parfois se renforcer mutuellement ou s'intersecter, en concentrant les handicaps, discriminations et difficultés sur certains groupes particulièrement vulnérables. La présentation fera un point sur la définition de ce qu'est une "réduction d'inégalité" - une définition qui ne va pas de soi - et examinera les prémisses philosophiques qui sous-tendent l'aversion répandue qu'éprouve les humains vis-à-vis de ces inégalités. Elle fournira également quelques données et méthodes statistiques pour évaluer les évolutions récentes des inégalité à la fois au sein de collectivités nationales comme la France et au niveau de la planète envisagée comme "village global".
Nicolas Gravel
Professeur des universités Aix-Marseille Université
Enseignant-Chercheur Aix-Marseille School of Economics (AMSE), Faculté d'économie et de gestion (FEG)