Ouvrage centré sur l’emploi non salarié, se focalise sur six secteurs d’activité : le monde paysan, les artisans, les commerçants, les professions libérales, les gens de la mer et les artistes. L’entreprise y est par ailleurs traitée dans ses différentes dimensions, de la micro-entreprise à la multinationale. Un des chapitres s’attarde sur cinq facteurs qui peuvent faire bouger les lignes de l’encadrement du travail, qu’il soit salarié ou non : l’organisation du capitalisme et de son évolution, le chômage, la dette publique, la fonction publique et l’écologie. Pour être le plus exhaustif possible, sont évoqués quatre autres domaines : l’économie sociale et solidaire, les scops, le télétravail et les retraites.
Georges Jourdam est docteur en sociologie de l’université de Rouen et ancien chercheur associé du laboratoire Dysolab. Il a mené en parallèle une carrière universitaire et a occupé différentes fonctions dans le secteur du travail social. Il a soutenu une thèse et écrit des articles sur le thème du « travail virtuel ».
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites. Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes. Tout, la haine et le deuil ! – Et ne m’objectez pas Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas… – Écoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle, Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle, Vous dites à l’oreille au plus mystérieux De vos amis de cœur, ou, si vous l’aimez mieux, Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire, Dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre, Un mot désagréable à quelque individu ; Ce mot que vous croyez que l’on n’a pas entendu, Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre, Court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre ! Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin. Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main, De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
Au besoin, il prendrait des ailes, comme l’aigle ! – Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera. Il suit le quai, franchit la place, et caetera, Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues, Et va, tout à travers un dédale de rues, Droit chez l’individu dont vous avez parlé. Il sait le numéro, l’étage ; il a la clé, Il monte l’escalier, ouvre la porte, passe, Entre, arrive, et, railleur, regardant l’homme en face, Dit : – Me voilà ! je sors de la bouche d’un tel. –
Arnaud Parienty, diplômé de Sciences Po Paris, est professeur agrégé de sciences économiques et sociales. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, manuels et articles de vulgarisation, et à La Découverte, de School Business. Comment l’argent dynamite le système éducatif (2015).
Emmanuel Macron, 15 octobre 2017 : « Pour que notre société aille mieux, il faut des gens qui réussissent ! […] Je ne crois pas au ruissellement, mais je crois à la cordée. […] Si l’on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c’est toute la cordée qui dégringole. » Le 6 janvier 2018, le porte-parole du gouvernement enfonce le clou : « Ce n’est pas un gouvernement qui fait des cadeaux aux riches ! C’est un gouvernement qui permet à l’argent d’être investi dans les entreprises pour nos emplois en France. » Un résumé saisissant de la notion de trickle-down effect (effet de ruissellement) avancée en 1981 par le directeur du budget de Ronald Reagan : « Donner les réductions d’impôts aux tranches supérieures, aux individus les plus riches et aux plus grandes entreprises, et laisser les bons effets “ruisseler” à travers l’économie pour atteindre tout le monde. » Telle semble bien la logique des mesures adoptées depuis 2017 par le gouvernement Macron/Philippe, même s’il affirme le contraire. Et même si aucun économiste n’a jamais produit une « théorie du ruissellement ». Alors comment expliquer que cette idée si décriée soit encore mise en oeuvre ? En analysant son fonctionnement comme celui d’un mythe, c’est-à-dire une construction imaginaire largement partagée. C’est ce que propose Arnaud Parienty dans cet essai enlevé et pédagogique. Il y décortique avec méthode les clichés répétés sur les plateaux de télévision : « trop d’impôts tue l’impôt », ils favorisent l’évasion fiscale, etc. Et il remet en perspective la façon dont les politiques néolibérales ont conduit, partout dans le monde, à une explosion des inégalités, sans pour autant favoriser la croissance et l’emploi, contrairement à ce que prônent les adeptes du ruissellement.
Michel Guérin est écrivain et philosophe, auteur d’une trentaine d’ouvrages. Ancien directeur des Instituts français de Vienne, puis d’Athènes, professeur émérite de l’Université d’Aix-Marseille et membre honoraire de l’Institut universitaire de France.
La Ve République peut-elle, soixante ans après sa fondation, continuer sa route ou bien est-elle à bout de souffle ? Est-elle réformable ou faut-il la déclarer moribonde et songer à la remplacer ? L’auteur, convaincu qu’il importe de maintenir son cadre et ses principes, examine à la fois les entorses qu’elle a subies du fait des hommes politiques durant les récentes décennies, et les défis que l’évolution des moeurs et la violence de l’histoire lui ont lancés. Leur conjugaison aboutit à neutraliser, voire inhiber des ressorts qui auraient dû être utilisés pour surmonter les crises. Tant l’autorité de l’État que la vie démocratique ont souffert de la malencontreuse instauration du quinquennat. Cloner l’Assemblée et le Président revient en effet à affaiblir l’un et l’autre, à paralyser les partis et les syndicats et, finalement, à déconsidérer l’ensemble des acteurs de la politique. C’est pourquoi l’auteur appelle de ses vœux le rétablissement du septennat, ainsi que le vote obligatoire et la pondération du scrutin majoritaire par une dose de proportionnelle.
Simon Luck est docteur en science politique, chargé de cours à l’université de Tours et chercheur associé au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP-CRPS Paris, UMR 8209). Ses recherches portent sur les comportements politiques, et en particulier l’engagement protestataire et le militantisme anarchiste.
Stéphanie Dechezelles est maîtresse de conférences en science politique à l’institut d’études politiques d’Aix-en-Provence et chercheuse au CHERPA (EA 4261). Elle a notamment codirigé (avec S. Cadiou et A. Roger), Passer à l’action. Les mobilisations émergentes, Paris, L’Harmattan, 2007 et le numéro «Enquêter dans les partis. Perspectives comparées» pour la Revue internationale de politique comparée (avec M. Aït-Aoudia, C. Bachelot, L. Bargel, H. Combes, N. Ethuin, F. Haegel, C. Leclercq, E. Massicard et A.-S. Petitfils).
Cet ouvrage s’attache à retracer les liens multiples qu’entretiennent les partis politiques et les mouvements sociaux. À travers la mise en perspective d’exemples passés et actuels, européens, africains ou américains, ce sont les diverses façons de s’investir politiquement qui sont décryptées ici. Les auteurs montrent que plutôt qu’opposer différentes formes d’engagement et d’organisation, il convient d’analyser concrètement les interactions entre les mouvements protestataires et les institutions partisanes, pour comprendre plus largement comment se structurent les régimes politiques et saisir les dimensions plurielles de la citoyenneté.
Kate Kirkpatrick enseigne la philosophie au King’s College à Londres. Elle dirige les Simone de Beauvoir studies. Sa biographie est traduite en 11 langues.
Un jour de 1927, Simone de Beauvoir eut avec son père une vive discussion sur ce qu’« aimer » voulait dire. À une époque où les femmes étaient censées n’avoir d’autre aspiration que le mariage et la maternité, la jeune Simone, à 19 ans, s’abreuvait de philosophie. Par « aimer », son père entendait « services rendus, affection, reconnaissance ». Simone soutenait de son côté que l’amour ne saurait se réduire à de la gratitude, à quelque chose que l’on doit à quelqu’un en échange de ce qu’il a fait pour nous. « Que de gens, nota-t-elle le lendemain dans son journal, n’ont jamais connu l’amour. » De fait, Simone de Beauvoir allait incarner, pour elle et pour les générations futures, une nouvelle conception de l’amour et une nouvelle approche de l’existence des femmes. Le couple mythique qu’elle forma avec Jean-Paul Sartre, « l’ami incomparable de sa pensée », devait pourtant éclipser sa propre carrière de philosophe. Considérée comme sa disciple, on ignora longtemps le travail à quatre mains qu’elle mena avec lui, le caractère original de sa pensée et de ses positions. Or, il est difficile de comprendre la révolution du Deuxième Sexe en ne leur rendant pas justice. Certes, Beauvoir eut une vie épique : elle croisa la route de Picasso et Giacometti, Joséphine Baker, Louis Armstrong et Miles Davis, ainsi que d’un nombre exceptionnel de personnalités littéraires, philosophiques et féministes du XXe siècle. Mais sans la philosophie, Simone de Beauvoir ne serait pas devenue « Simone de Beauvoir », ce qui est notable pour deux raisons très importantes : parce qu’il est temps d’en finir avec le mythe de Beauvoir disciple de Sartre ; et parce que leurs désaccords et leurs discussions constituent l’un des vecteurs essentiels qui lui permirent de devenir elle-même. D’après Virginia Woolf, « il y a certaines histoires que chaque génération doit raconter à nouveau ». Ce que révèlent les journaux et la correspondance de Beauvoir redessine les contours de sa biographie.
De Pompidou à Macron, enquête sur les racines de la violence économique
Préface de Ken Loach Un livre d’une brûlante actualité sur le choix des dirigeants européens, depuis le début des années 1980 jusqu’à aujourd’hui, de sacrifier l’emploi… et les effets dévastateurs de ce choix. C’est une enquête fouillée, documentée, riche des témoignages d’anciens ministres, de conseillers de présidents de la République, d’anciens directeurs du Trésor ou du FMI, de banquiers, d’économistes, de juristes, de sociologues et de philosophes…
Benoît Collombat, journaliste à France Inter, a enquêté sur ce qui a fait basculer les choses : comment et pourquoi les hommes politiques ont « remis les clés » de l’organisation du monde à l’économie et à la finance. Ce basculement repose sur la victoire idéologique, à un moment donné, d’une pensée : le néolibéralisme, pour qui le rôle de l’État est avant tout de servir le marché. Quelles personnalités sont à l’origine de ces grands choix économiques ? Quel rôle a joué la construction européenne ? Aujourd’hui, l’épidémie du coronavirus montre bien l’urgence de s’interroger sur ces choix politiques et économiques.