18/04/22 – Jour férié
FAUT-IL DÉFENDRE L’ÉDUCATION POPULAIRE ?

Représentant des Lumières, le marquis de Condorcet, à la fois, mathématicien, philosophe, homme politique, plaida pour la mise en place d’un système scolaire ouvert à tous et d’un suivi « toute la durée de la vie ».

« Le Pourquoi du comment »

À écouter ICI (3 mn)

Les partisans de l’éducation populaire se réfèrent le plus souvent au fameux rapport de Condorcet sur l’organisation générale de l’instruction publique, présenté les 20 et 21 avril 1792. Le marquis de Condorcet, issu de la vieille noblesse provinciale, fut un mathématicien précoce, reçu à l’Académie des sciences en 1769 puis à l’Académie française en 1782. Député à l’Assemblée législative, c’est lui qui fut désigné comme rapporteur du Comité d’instruction publique.

Condorcet affirmait que l’instruction ne doit pas « abandonner les individus au moment où ils sortent des écoles »

Considérant qu’il n’y a pas de démocratie du pouvoir, sans démocratie du savoir, il plaida pour la mise en place d’un système scolaire ouvert à tous. Mais le plus important est la place éminente que Condorcet accorda dans ce rapport à l’éducation extra-scolaire ou postscolaire. Il affirmait que l’instruction ne doit pas « abandonner les individus au moment où ils sortent des écoles », mais se poursuivre « pendant toute la durée de la vie » pour entretenir des connaissances acquises à l’école, et surtout, apprendre « l’art de s’instruire soi-même », en utilisant les dictionnaires, les cartes, et les récits. Pour couronner le tout, Condorcet demandait aux instituteurs de tenir chaque dimanche une conférence sur la morale et les lois, afin de favoriser l’adhésion rationnelle des citoyens à la nouvelle Constitution.

Les mesures proposées par Condorcet n’ont pas été appliquées pendant la période révolutionnaire. Mais sous le Second Empire, son rapport servit de référence aux militants républicains qui combattaient la mainmise de l’Eglise catholique sur l’enseignement. C’est à ce moment-là (1866) qu’a été fondée, par Jean Macé, la Ligue de l’enseignement qui reste, aujourd’hui encore, l’une des principales associations d’éducation populaire. Au début de la IIIe République, la Ligue a engagé toutes ses forces pour développer ce qu’on appelait alors les « oeuvres complémentaires de l’école publique ». Les chrétiens ont répondu à cette offensive du camp laïque sous l’impulsion de Marc Sangnier, qui s’appuya sur l’immense réseau des patronages catholiques pour impulser son propre mouvement d’éducation populaire.

L’intérêt nouveau des élites cultivées pour l’éducation populaire s’explique en grande partie par le développement brutal du socialisme à partir des années 1890. (…)

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