A quoi ressemble une utopie et quel role y joue le langage ? Dans cette présentation, nous allons explorer plusieurs types de projets utopiques linguistiques : le mythe de la Tour de Babel, les langues philosophiques du XVIIe, les langues auxiliaires internationales comme l’Espéranto, et le langage dans les romans utopiques féministes de la deuxième moitié du XXe siècle.
Mais qui dit utopie, dit aussi dystopie. Ce sont, en effet, deux faces d’une même pièce car l’utopie d’une personne peut très bien être la dystopie d’une autre. Dans son célèbre roman 1984, George Orwell décrit un monde (basé sur les pratiques langagières réelles de l’Union Soviétique à l’époque) dans lequel la libérté d’expression n’existe pas et dans lequel certains mots, comme liberté, sont interdits avec l’objectif d’éliminer le concept lui-même. Le langage devient, contrairement aux projets utopiques, un outil dystopique au service des puissants.
On verra que le langage est un élément de base dans toute utopie et toute dystopie.
Ann Coady est maître de conférences en linguistique à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3.
Elle a terminé son doctorat à Sheffield Hallam University en 2018.
Ses recherches portent sur le genre et la langue, plus spécifiquement la réforme linguistique féministe en anglais et en français, les discours et les idéologies utilisées dans les débats sur le langage sexiste dans les médias.