25/04/22 – 61 la Canebière
DE LA PAROLE NORMÉE À LA VARIATION ATYPIQUE
Alain GHIO – Langage

La parole est un phénomène complexe qui peut s’observer avec des perspectives très variées : biologique, cognitive, psychologique, communicative, linguistique, acoustique, sociale…

Face à cette complexité, les chercheurs en linguistique ont eu souvent tendance à rechercher et décrire les phénomènes de façon universelle c’est-à-dire en mettant en avant les observations qui semblent partagées par un ensemble de locuteurs plus ou moins important. Ils établissent alors des « normes » qui sont présentées pour refléter la parole du groupe de locuteurs observé. Pourtant, il existe de nombreux cas où les individus ne rentrent pas dans ce cadre. Un premier cas concerne les dysfonctionnements de la parole dans lesquels des locuteurs ont un trouble neurologique (ex : maladie de Parkinson) ou structurel (ex : lésion de la cavité buccale suite à un cancer) qui entraine des modifications de la parole produite qui s’écarte plus ou moins de la description « normale ». L’analyse de l’écart à la norme est une façon alors de mesurer l’ampleur et les caractéristiques du trouble de la parole. Un second cas « d’atypicité » concerne les variations régionales dans lesquels un ensemble de locuteurs produisent certains sons de la parole de façon différentes que dans d’autres régions. Un cas typique dans notre région est la prononciation des voyelles nasales comme « an », « on », « in » (et « un » qui d’ailleurs ne fait pas partie des phonèmes normatifs du français dans lequel le mot « brin » et « brun » sont décrits comme prononcés de façon identique !). Grâce à des techniques instrumentales, il est possible d’observer l’accent que d’habitude, on entend. Là où les choses se compliquent, c’est quand le chercheur est confronté à de multiples sources de variation comme par exemple, l’étude de la parole de malades de Parkinson dans la région marseillaise où il faut arriver à distinguer les différentes formes d’atypicité par rapport à une parole dite « normale ». Nous aborderons ces questions sous l’angle de la phonétique instrumentée, c’est-à-dire dans la description des sons de la parole avec des données sonores mais aussi physiologiques et aussi dans une approche perceptive.

Alain GHIO
Ingénieur de recherche CNRS
Responsable secteur AéroPhono 
Médaille de cristal du CNRS 2013

Ingénieur en instrumentation au Laboratoire parole et langage, Aix-en-Provence CNRS/Aix Marseille Université
Institut des sciences humaines et sociales Aix-en-Provence

Doctorat en Sciences - Spécialité : traitement du signal 
D.E.A. de phonétique expérimentale, fonctionnelle et appliquée 
Ingénieur de l'École Nationale Supérieure de Physique de Marseille (École Centrale Marseille)

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