Archives de catégorie : Katharina Bellan

Doctorat en Études Cinématographiques et Histoire, Aix-Marseille Université.

Histoire contemporaine et Études cinématographiques
Champs de recherche :
Histoire du cinéma, histoire urbaine, historiographie, théorie critique de la modernité, esthétique du cinéma

04/01/21
Dynamitage du Vieux-Port
Katharina Bellan – Histoire

Images absentes – images migrantes, symptômes d’un trauma : le dynamitage des quartiers nord du Vieux-Port par les nazis en 1943

Katharina Bellan, docteure et chercheuse en études cinématographiques et histoire à l’université d’Aix-Marseille, sa recherche sur « Marseille filmée : images, histoire, mémoire 1921-2011 » a été présentée dans différents colloques, articles et publications collectives. Par ailleurs, elle a réalisé des films documentaires et expérimentaux.

Cette conférence propose d’analyser les images manquantes, et le peu d’images qui restent et qui ont migré de films en films, de l’événement traumatique que fut l’expulsion en janvier 1943 de 20 000 habitants et le dynamitage de près de 1400 immeubles des quartiers nord du Vieux Port par les nazis, aidés par les autorités françaises.   Les quartiers nord du Vieux-Port entre la rue de la République et le fort Saint Jean étaient les plus anciens de Marseille, peuplés de marins, dockers, poissonnières et ouvriers. Quelques rues avaient été réservées à la prostitution et aux cabarets en 1863 par le préfet Maupas. La littérature des années 1930, d’André Suarès à Claude Mac Kay, a souvent décrit ce quartier, nommé la fosse, mais il a peu été filmé, sinon par Laszlo Moholy-Nagy en 1929. Les plans d’Impressions du Vieux Port migreront vers des documentaires télévisuels à partir des années 1990. En janvier 1943, les nazis ont dynamité près de 1400 immeubles, expulsant 20 000 personnes, laissant quatorze hectares de ruines, avec l’aide des gendarmes français dirigés par René Bousquet, réalisant l’opération d’urbanisme la plus violente que la ville ait jamais subie. L’expulsion et la destruction n’ont pas été filmées. Seule une actualité de Vichy montre quelques immeubles effondrés, et des clichés photographiques pris par l’armée allemande pour documenter l’expulsion, ont été retrouvées dans les archives allemandes au moment de la commémoration des trente ans de la destruction. En 1957, Hugo Fregonese, un réalisateur argentin travaillant pour une production anglaise, reconstitue le dynamitage pour les besoins d’une fiction rocambolesque sur fond d’événements historiques. Le film Seven thunders (Les sept tonnerres de Marseille) constitue un document sur la vision anglaise de la collaboration française. Les images de reconstitution du dynamitage ont migré vers des documentaires télévisuels, prenant alors le statut d’images d’archives. Nous analyserons comment ces images migrantes sont devenues le symptôme d’un trauma, plaie toujours béante de Marseille.

 
 
Archives photographiques allemandes : 
 •https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Round_up_of_Marseille
 https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Destruction_of_the_Old_Port
 https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Deportation_of_Jews_from_Marseille_1943 

 Filmographie : 
 Laszlo Moholy-Nagy, Impression du Vieux Port, 1929, 9 mn, noir et blanc muet, France.
 Jean Dasque, Et le vieux port fut condamné, 1973, 50 mn, 16mm, France.
 Daniel Costelle, Crimes sous l’occupation, 1989, 53 mn, émission de France 2 Les grands criminels. 
 Teri Wehn-Damisch, Etats de piège ou la filière marseillaise, 1990, 50 mn, couleur, 16mm, France.
 Jean-Pierre Carlon, Opération Sultan. 2004, 52 mn, Beta digital, France.
 Paul Carpita, Le rendez-vous des quais, France, 1955, 1990, tournage : 1950-1953, 1 h 15, noir et blanc, 35mm.
  
 Archives INA : 
 France Actualités. Evacuation du quartier du Vieux Port à Marseille. INA. Repères méditerranéens - Fresques interactives fresques.ina.fr/reperes/fiche/evacuation-du-quartier-du-vieux-port-a-marseille. Opérations d'évacuation du quartier du Vieux-Port de Marseille effectuées avec l'aide des équipes nationales, mouvement de jeunesse créé par le gouvernement de Vichy. 24 janvier 1943 France Actualités (Collection: France Actualités). Durée : 00:00:36
 Bibliographie : 
 GUICHETEAU Gérard, Marseille 1943, collection archives de Guerre, Marseille, Daniel & Cie, Le Provençal, 1973.
 KRULL Germaine, Marseille, textes d’André Suarès, Marseille, Jeanne Lafitte, 2013.
 BENEDITE Daniel, La filière marseillaise, Un chemin vers la liberté sous l’occupation, Paris, Clancier-Guénaud, 1984.
 MENCHERINI Robert, Ici-même. Marseille 1940-1944 de la défaite à la Libération. Marseille, Jeanne Laffitte, 2013.
 Delarue Jacques, Trafics et crimes sous l’occupation (1968) Paris, Arthème Fayard/Pluriel, 2013.  

04/01/21
Images absentes – images migrantes, symptômes d’un trauma
Katharina Bellan – Histoire

Images absentes – images migrantes, symptômes d’un trauma : le dynamitage des quartiers nord du Vieux Port par les nazis en 1943

Cette conférence propose d’analyser les images manquantes, et le peu d’images qui restent et qui ont migrées de films en films, de l’événement traumatique que fut l’expulsion en janvier 1943 de 20 000 habitants et le dynamitage de près de 1400 immeubles des quartiers nord du Vieux Port par les nazis, aidés par les autorités françaises.

Les quartiers nord du Vieux Port entre la rue de la République et le fort Saint Jean étaient les plus anciens de Marseille, peuplés de marins, dockers, poissonnières et ouvriers. Quelques rues avaient été réservées à la prostitution et aux cabarets en 1863 par le préfet Maupas. La littérature des années 1930, d’André Suarès à Claude Mac Kay, a souvent décrit ce quartier, nommé la fosse, mais il a peu été filmé, sinon par Laszlo Moholy-Nagy en 1929. Les plans d’Impressions du Vieux Port migreront vers des documentaires télévisuels à partir des années 1990. En janvier 1943, les nazis ont dynamité près de 1400 immeubles, expulsant 20 000 personnes, laissant quatorze hectares de ruines, avec l’aide des gendarmes français dirigés par René Bousquet, réalisant l’opération d’urbanisme la plus violente que la ville ait jamais subie. L’expulsion et la destruction n’ont pas été filmées. Seule une actualité de Vichy montre quelques immeubles effondrés, et des clichés photographiques pris par l’armée allemande pour documenter l’expulsion, ont été retrouvées dans les archives allemandes au moment de la commémoration des trente ans de la destruction. En 1957, Hugo Fregonese, un réalisateur argentin travaillant pour une production anglaise, reconstitue le dynamitage pour les besoins d’une fiction rocambolesque sur fond d’événements historiques. Le film Seven thunders (Les sept tonnerres de Marseille) constitue un document sur la vision anglaise de la collaboration française. Les images de reconstitution du dynamitage ont migré vers des documentaires télévisuels, prenant alors le statut d’images d’archives. Nous analyserons comment ces images migrantes sont devenues le symptôme d’un trauma, plaie toujours béante de Marseille.

Katharina Bellan, docteure et chercheuse en études cinématographiques et histoire à l’université d’Aix-Marseille, sa recherche sur « Marseille filmée : images, histoire, mémoire 1921-2011 » a été présentée dans différents colloques, articles et publications collectives. Par ailleurs, elle a réalisé des films documentaires et expérimentaux.