Archives de catégorie : Renaud Garcia

Renaud Garcia est enseignant de philosophie en lycée, et (je le cite) « animal politique ».

Professeur agrégé de philosophie.
Renaud Garcia enseigne la philosophie au lycée et s’efforce d’appliquer le principe du refus de parvenir. Ses recherches portent principalement sur l’anarchisme, la critique sociale et la décroissance. Il a récemment publié Pierre Kropotkine ou l’économie par l’entraide (Le Passager clandestin, 2014) et La Nature de l’entraide (ENS éditions, 2015).

Membre de la revue d’étude et d’expression anarchiste Réfractions,
et du collectif de l’Appel de Beauchastel contre l’école numérique.
Il poursuit des recherches sur l’anarchisme, le socialisme et l’écologie politique.
Il a réalisé plusieurs études et traductions sur Kropotkine.

28/11/22 – 130 avenue du Prado
LIBERTÉ ET SOCIÉTÉ DE CONTRAINTE
Renaud GARCIA – Philosophie

Liberté et société de contrainte

Les Calanques, c’est fini. Du moins en saison, pour les téméraires qui, par une inspiration spontanée, auraient aimé se rendre à Sugiton. Durant l’été, il fallait cette année se munir d’un sésame digital (le QR Code) décroché en suivant des procédures numériques, afin d’accéder à la nature. En 2023, l’expérimentation sera pérennisée sur une période plus longue, selon l’administration du Parc, mettant à profit ses partenariats avec les start up marseillaises de la « French Tech ». C’était inéluctable. Dans l’histoire des technologies, rares sont les moments où le provisoire ne s’est pas mué en permanent. Mais l’on s’habitue à tout. Et puis, « si c’est pour protéger », c’est une bonne idée, disent nombre de randonneurs. Notamment ceux qui, alléchés par la carte postale et l’ « attractivité » de notre territoire, ont pris le TGV pour « descendre » à Marseille.

Oui, les habitudes ont été vite prises, qui font bon marché de la spontanéité et de l’aléa, tant que des dispositifs technologiques permettent d’assurer la « protection » et de neutraliser ces irresponsables qui, par leur licence, mettent en péril l’intérêt général. Tel est l’un des argumentaires qui ont déchiré notre société pendant les deux dernières années, d’autant plus à partir de l’obligation vaccinale (dans certaines professions pour sûr, et par défaut afin, pour chacun, de ne pas voir son rayon d’action réduit à presque rien).

En ce sens, nous ne serons jamais quittes du Covid-19. Le prétendu « retour à la normale » peine à masquer le basculement dont la pandémie a été l’occasion : l’emballement de la société de contrainte. Laquelle ne se limite pas au contrôle ou à la surveillance enjeux qui sont le fond de commerce de tous les discours alter-numériques, en faveur d’un Internet éthique, délivré de l’emprise des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon) ‒, mais constitue un système de pilotage automatisé enserrant l’individu de telle sorte qu’il ne puisse que réagir, après coup, au fait accompli technologique. Demandez, pour des exemples ordinaires, aux usagers de la SNCF et de la Poste confrontés à la fermeture des guichets ou des bureaux, aux patients sommés de réserver leur « rendez-vous » médical par Doctolib, ou à tous ceux qui n’ont pas su comment s’opposer à la constitution de leur Espace Numérique de Santé.

Avant de penser, nous arpentons le monde vécu, théâtre de nos expériences familières. Le particulier d’abord, le général ensuite. Chacun peut enquêter là où il vit, autour de ce à quoi il tient, pour élucider en définitive la trajectoire globale de notre société. Ainsi, pour les amoureux de la nature et de la liberté, ce qui se révèle à travers l’accès machinal aux Calanques, c’est la logique du techno-capitalisme (autrement dit, l’accumulation du capital motorisée par l’innovation technologique) pour laquelle rien ne doit excéder la procédure autorisée. Cette logique s’oriente vers un état que certains bons esprits avaient pressenti dès avant la Seconde Guerre mondiale : le monde fini. C’est-à-dire achevé, totalement administré, semblable à une cage d’acier où nous autres, animaux imprévisibles, fonctionnerions comme des rouages. Chacun tournant à vide dans une aire délimitée, en échange de la sécurité du dispositif.

On n’en est pas là, diront les optimistes d’un ton railleur. Mais si nous avions interrogé les promeneurs calanquais il y a trois ou quatre ans, peut-être se seraient-ils récrié contre une atteinte insupportable à leur liberté. Se pourrait-il, une pandémie plus tard, que la liberté pèse trop lourd à beaucoup ? Dans un monde entraîné par la fuite en avant, on n’en est bientôt plus là.

S’ils devaient revenir parmi nous, les philosophes qui, à travers l’histoire, ont soutenu que l’homme est né libre et jaloux de sa « franchise », s’expliqueraient sans doute avec peine le moment malencontreux que nous traversons. Ils ne laisseraient pas de s’étonner que, sous les cryptogrammes des QR Codes, le goût de la liberté soit devenu obsolète. C’est à le sauver de l’oubli que la réflexion de cette soirée sera consacrée.

Renaud Garcia enseigne la philosophie au lycée et s’efforce d’appliquer le principe du refus de parvenir. Ses recherches portent principalement sur l’anarchisme, la critique sociale et la décroissance. Il a récemment publié Pierre Kropotkine ou l’économie par l’entraide (Le Passager clandestin, 2014) et La Nature de l’entraide (ENS éditions, 2015), Le Désert de la critique, Déconstruction et politique (L’échappée, 2015)

29/01/22 – Bibliothèque de l’Alcazar, 58 cours Belsunce – 13001 Marseille
Le Désert de la critique
Renaud Garcia – Philosophie

Renaud Garcia est enseignant de philosophie en lycée. Membre – de la revue d’étude et d’expression anarchiste Réfractions, – du collectif de l’Appel de Beauchastel contre l’école numérique. Il poursuit des recherches sur l’anarchisme, le socialisme et l’écologie politique. Il a réalisé plusieurs études et traductions sur Kropotkine.

Le Désert de la critique

Déconstruction et politique

La nature humaine ? Fiction dangereuse. La raison analytique ? Instrument d’uniformisation culturelle. La vérité ? Objet relatif masquant les dispositifs de pouvoir. Le langage ? Geôlier de la créativité. L’universalisme ? Alibi de l’Occident pour dominer le monde. Le corps ? Pâte à modeler au gré des innovations technologiques. Tels sont les lieux, devenus communs, de la pensée de la déconstruction.
Déconstruire… D’un concept plutôt ésotérique, les gauches « radicales » ont fait un programme systématique consistant à suspecter un rapport de domination sous chaque idée ou comportement. Si elles permettent de redoubler de subtilité sur les questions de mœurs – le domaine « sociétal » –, les théories de la déconstruction rendent les armes devant la marchandisation généralisée, l’emprise des industries culturelles et l’artificialisation du monde. Qui évoque la nécessité d’une décélération, parle d’aliénation, remet au cœur de l’analyse le corps vécu dans un environnement limité, commet dès lors le crime ultime : réintégrer un moment conservateur dans la critique.
Occupées à déconstruire et à se déconstruire à l’infini, les gauches « radicales » ont négligé le terrain du social, qu’une extrême droite opportuniste a investi en exploitant la détresse des perdants de l’histoire. Cet ouvrage tente de comprendre comment nous en sommes arrivés là, de donner les raisons de ce sabordage intellectuel et politique, en analysant l’influence de la déconstruction sur la critique sociale contemporaine. Il en appelle par là même à un renouveau de la lutte contre le capitalisme sur de tout autres fondements théoriques.

Le Désert de la critique Déconstruction et politique  Renaud Garcia L'échappée

Le Désert de la critique

Renaud Garcia

Enseignant de philosophie en lycée, et "animal politique". 
Renaud Garcia poursuit des recherches sur l'anarchisme, le socialisme et l'écologie politique.
Plusieurs études et traductions sur Kropotkine.
Membre de la revue d'étude et d'expression anarchiste Réfractions, et du collectif de l'Appel de Beauchastel contre l'école numérique.
Dernier essai paru : Le sens des limites. Contre l'abstraction capitaliste (L'Echappée, 2018)

25/01/20
Kropotkine et l’économie par l’entraide

Renaud Garcia

Conférence-débat avec Renaud Garcia
de 17h à 19h
Bibliothèque de l'Alcazar
58 cours Belsunce Marseille 1er

La crise écologique actuelle réactive divers discours sur l’effondrement inévitable de la société capitaliste. Ces discours, qui en réalité n’ont rien de bien neuf, cherchent notamment à promouvoir une culture de l’entraide pour entrer dans une période de tempêtes. Ce faisant, ils retrouvent certaines des intuitions d’un des grands théoriciens de l’anarchisme, le géographe russe Pierre Kropotkine (1842-1921). Mais si l’on se penche vraiment sur l’œuvre politique et scientifique de ce penseur, auteur du livre L’Entraide, on découvrira bien plus qu’une simple apologie de la coopération. Par sa vision globale d’une réciprocité entre les espèces et leur milieu vital, par sa réflexion sur le contexte urbain et par ses propositions économiques, Kropotkine a exposé, voici un siècle, les éléments d’un socialisme anarchiste précurseur d’une écologie sociale (et non simplement institutionnelle). C’est à le relire et à pratiquer les pistes que son œuvre dessine que nous invite cette conférence »

Renaud Garcia est enseignant de philosophie en lycée, et "animal politique". 
Il poursuit des recherches sur l'anarchisme, le socialisme et l'écologie politique; plusieurs études et traductions sur Kropotkine.
Dernier essai paru : 
Le sens des limites. Contre l'abstraction capitaliste (L'Echappée, 2018).
Membre de la revue d'étude et d'expression anarchiste Réfractions
et du collectif de l'Appel de Beauchastel contre l'école numérique.