Galeries

10/01/22 – 130 avenue du Prado
L’égalité homme-femme en langage
Ann Coady – Langage

Que vient faire le langage dans les relations homme-femme, mais aussi dans les identités de genre plus globalement ? Le langage lui-même peut-il être sexiste ou s’agit-il seulement de la façon dont on l’emploie ? Le masculin est-il vraiment générique ? Si oui, d’où vient cette généricité ? Un langage plus inclusif contribue-t-il à combattre le sexisme dans le monde ?

Voici quelques questions que nous allons aborder dans cette présentation sur le langage et genre, une question qui fait débat en France depuis bien longtemps, mais qui a ressurgi depuis ces dernières années avec la question du fameux « point médian ». Même si le point médian ne représente qu’un seul « outil » parmi d’autres pour construire un langage plus inclusif, il a soulevé beaucoup d’interrogations autour du rôle que joue le langage dans la discrimination, et autour du rôle que joue, ou que doit jouer, la langue française.

Ann Coady est professeure agrégée d’anglais à la Faculté des Sciences à Aix-Marseille Université depuis 2006.

Thèse en 2018 à l’Université Sheffield Hallam au Royaume Uni sur le débat sur le langage non sexiste en comparant le français et le anglais.

Ses recherches portent sur le genre et la langue, plus spécifiquement la réforme linguistique féministe en anglais et en français, les discours et les idéologies utilisées dans les débats sur le langage sexiste dans les médias.

Ses intérêts de recherche portent sur la réforme linguistique féministe en anglais et en français, le genre et la langue, les idéologies linguistiques, la linguistique de corpus, la sociolinguistique et l’analyse du discours.

Membre du comité de rédaction de la revue GLAD ! (Revue sur le langage, le genre et les sexualités):
https://journals.openedition.org/glad/

Ses publications récentes :

Elle a publié plusieurs articles sur le langage et le genre, le dernier a été publié fin 2020 dans un dossier spécial des Cahiers du genre intitulé « Genre, langue et politique » :
https://www.cairn.info/revue-cahiers-du-genre-2020-2.htm

L’origine du langage sexiste, Genre et langue, 2018.

03/01/22 – 61 la Canebière
Changer la ville, changer ses habitants ?
Marie Beschon – Sociologie

Pourquoi les grands projets urbains peinent-ils tant à intégrer les habitants ?
Élaboré à la fin des années 1980 et décrété Opération d’intérêt national en 1995, le projet Euroméditerranée a été conçu comme une réponse aux difficultés socio-économiques, urbaines et symboliques de Marseille. L’ambition du projet, envisagé comme « une thérapie de choc », était double : rénover le centre-ville et proposer un urbanisme de processus, inclusif et évolutif (Pinson 2009), à même de respecter l’existant. Aujourd’hui encore, les multiples objectifs du projet, de la modernisation des infrastructures au développement des institutions culturelles de la ville, visent à « rompre avec la spirale du déclin économique de Marseille » sans « chasser les pauvres ».
La question de la pauvreté est centrale pour comprendre les projets de rénovation urbaine à Marseille. La subsistance d’un centre-ville populaire et résistant à la gentrification (Mateo-Escobar 2012), capable de s’effondrer sous une pluie insistante, constitue une raison de l’élaboration du projet Euroméditerranée dès la fin des années 1980. Mais alors que l’ancienne équipe municipale n’avait pas caché ses intentions de « nettoyer » le centre-ville de ses populations pauvres et (d’origine) immigrée (Ascaride et Condro 2001), l’Établissement public d’aménagement d’Euroméditérranée (EPAEM) se distingue par la volonté affichée d’assurer le maintien des populations en place dans la ville : moderniser tout en respectant l’existant.
La supposée noblesse du combat pour « la ville de demain, durable et innovante », visant à faire advenir ce que le centre-ville « traditionnel » n’a jamais su devenir. Quelle que soit l’humanité des aménageurs, la ville nouvelle à créer, comme son aînée abîmée, demeure sourde à ses administrés dès qu’il s’agit de projeter et de faire. Comme si l’aménagement, quelle que soit l’humanité de ses acteurs, était condamné, par son univers épistémologique et pratique, à demeurer insensible à la ville habitée (Paquot 2005).

Marie BESCHON est docteure en anthropologie. Elle a soutenu sa thèse (dir. Michel Agier, EHESS) en 2019 : « Euroméditerranée ou la ville de papier : ethnographie du monde des aménageurs ». Son doctorat fait suite à un master à l’Institut d’Études Politique de Paris et une maîtrise de philosophie à l’Université d’Aix-Marseille. Elle mène actuellement des ateliers d’éducation populaire au sein du Collectif Manifeste Rien en tant que médiatrice socio-culturelle. Elle a depuis intégré l’Institut Régional du Travail social PACA pour mener des cours de méthodologie et d’initiation à la recherche.

20/12/21 – 130 avenue du Prado
Marseille et le banditisme
Anne Kletzlen – Sociologie

Marseille et le banditisme

Bien qu’ils alimentent la chronique politico-médiatique, les règlements de comptes entre malfaiteurs perpétrés dans la métropole marseillaise ne représentent pas un phénomène nouveau. Les homicides entre bandits ont diminué en 30 ans en raison de l’état des marchés criminels, l’usage de la kalachnikov et du « barbecue » n’est pas inédit, les enjeux des meurtres sont toujours les mêmes (compétitifs, transactionnels, de délation …).

En revanche, les rationalités et usages de ces meurtres sont l’objet de recompositions. L’homicide, intentionnel ou impulsif, tend à devenir un mode comme un autre et non plus l‘ultime moyen de traitement des affaires des malfaiteurs. Ce serait là la nouveauté des années 2010 si tant est qu’il y ait nouveauté.

De nombreuses porosités existent entre les différentes formes de banditisme. Les néo-bandits constituent les futurs grands bandits, les narco-bandits représentent les uns et les autres œuvrant dans les trafics de stupéfiants.

Anne Kletzlen

Docteure en droit

Chercheuse associée au MESOPOLHIS (axe 6 : normes, déviances, savoirs de gouvernement), UMR 7064 (CNRS/Sciences po/AMU).

Ses recherches portent sur les processus de création et de mise en œuvre des lois et des politiques publiques dans deux domaines : la sécurité routière et la délinquance organisée. Dans ce dernier domaine, elle a travaillé sur les régulations juridiques des trafics de stupéfiants et de cigarettes, du blanchiment de leurs produits et sur les règlements de comptes entre malfaiteurs. Sur ce point, elle a restitué les processus de production de ces homicides et les enjeux de ces crimes (cf. livre Bandits contre bandits, PUP, 2020).

https://presses-universitaires.univ-amu.fr/bandits-contre-bandits-0

 

13/12/21 – 61 la Canebière
Épidémies et économie mondiale
Gilles Dufrénot – Économie

Professeur de Sciences Économiques à Aix-Marseille Université et membre de l’École d’Économie de Marseille (AMSE). Il est également chercheur associé au CEPII. Il a été Professeur d’Économie aux Universités de Paris XII et de Savoie avant de rejoindre l’Université d’Aix-Marseille.

La mondialisation est-elle responsable des pandémies ? En ce cas, faut-il en défaire les fils tissés depuis plusieurs siècles ?
Depuis toujours, les routes commerciales ont coïncidé avec l’apparition, la disparition et la réémergence des nouveaux virus. Les évolutions de la mondialisation ont renforcé ces liens : la déforestation, l’agriculture intensive, la perturbation des cycles géologiques et géophysiques, le réchauffement climatique, ainsi que les atteintes à la biodiversité, animale et végétale, ont accru les risques sanitaires.

Diaporama projeté par Gilles Dufrénot

06/12/21 – 130 avenue du Prado
La grotte Cosquer révélée
Pedro Lima – Histoire

Pedro Lima

Journaliste scientifique

La grotte Cosquer, site préhistorique orné unique au monde immergé dans les Calanques de Marseille, a été fréquentée durant des millénaires par des chasseurs-cueilleurs de la période paléolithique, entre – 33 000 et – 19 000 ans. Ils y ont peint et gravé des centaines de signes et de figures animales (chevaux, bisons, bouquetins..) dont des animaux marins uniques dans tout l’art pariétal (phoques et pingouins). Partiellement engloutie il y a 9 000 ans après la dernière glaciation, la grotte a été redécouverte à la fin du siècle dernier et déclarée officiellement en 1991, avant d’être étudiée par les scientifiques.

29/11/21 – 61 la Canebière
Les effets de la pratique musicale
Aline Frey – Sciences

Aline Frey est Maitresse de Conférence au Laboratoire de Neurosciences Cognitives (LNC) à Marseille – elle enseigne la psychologie des apprentissages à l’INSPE d’Aix-Marseille.

Lauréate du prix départemental jeune chercheur 2020.


Son exposé traitera des effets de la pratique et de l’écoute musicale sur le fonctionnement cognitif et cérébral.
En effet, de nombreuses études ont pu montrer les effets de transferts entre la musique et d’autres compétences non musicales. Elle présentera notamment ses recherches récentes sur l’impact de la pratique du chant choral sur le développement cognitif d’enfants issus de milieu modeste. Ces recherches ouvrent des perspectives pour des stratégies d’apprentissage et de stimulation cognitives ludiques et alternatives.

Diaporama “ Les effets de la pratique musicale sur le développement des fonctions cognitives »

https://drive.google.com/file/d/1HP_N32ypYLssm9DGEwlnXRl45AVP8Pao/view?usp=sharing

Chanter au quotidien,
Musicatreize à l’École Saint-Mitre

22/11/21 – 130 avenue du Prado
Intelligence Artificielle : mythes et réalités
Odile Papini – Sciences





Professeure émérite des universités
Chercheuse en Intelligence Artificielle au
Laboratoire d’informatique et des Systèmes LIS-CNRS
Aix Marseille Université

Références bibliographiques : P. Marquis, O.Papini, H. Prade. Panorama de l’intelligence artificielle, ses bases méthodologiques, ses développements. Cépadues. 2014. P. Marquis, O.Papini, H. Prade. A guided tour of Artificial Intelligence Research. Springer. 2018.

L’Intelligence artificielle est omniprésente dans les médias, elle ne cesse d’alimenter l’imaginaire collectif,
suscitant parfois bien des malentendus. Qu’est que l’intelligence ? Que penser de son impact sur la société ?

15/11/21 – 61 la Canebière
Les socialismes et l’idée de changement au XIXème siècle 
Stéphane Rio – Histoire

Changer de bases :

Le socialisme et l’idée de changement au XIXème siècle :

Le XIXème est un siècle de révolutions. Révolution des moyens de production avec la montée en puissance du capitalisme. Révolution du travail avec la naissance de la classe ouvrière concentrée dans les usines. Révolution de la pensée avec notamment la naissance du socialisme s’attachant à comprendre et dénoncer les positions de classes et l’exploitation des travailleuses et des travailleurs.

Tous ces changements font naître d’intenses débats au sein du mouvement ouvrier naissant. Quelles sont les conséquences de ce nouveau monde ? La technologie amènera-t-elle progrès ou aliénation ? Est-il possible de construire une société sur de nouvelles bases ?

 

Agrégé d’histoire

Professeur d’histoire et géographie à Marseille


Continuer la lecture de 15/11/21 – 61 la Canebière
Les socialismes et l’idée de changement au XIXème siècle 
Stéphane Rio – Histoire

08/11/21
Esquisse d’un libéralisme soutenable
Claude Gamel – Économie

Claude Gamel, Professeur des Universités, Professeur d’économie à Aix-Marseille université (AMU) et membre du laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST), il consacre ses recherches aux théories de la justice sociale et à leurs applications (protection sociale, éducation, droit, fiscalité). 

Prix « Grammaticakis-Neumann » de l’Académie des sciences morales et politiques (quai Conti) pour son ouvrage “Esquisse d’un libéralisme soutenable” publié chez les presses Universitaires de France, collection Génération Libre.

TRAVAUX ET PUBLICATIONS (1980-2021)
Ouvrages individuels
2021, Esquisse d’un libéralisme soutenable. Travail, capacités, revenu de base, P.U.F., collection « Génération Libre » (préface de G. Koenig),


Presses Universitaires de France

Esquisse d’un libéralisme soutenable.

Philosophie mal connue en France et souvent caricaturée, le libéralisme prend pourtant tout son sens par intégration de ses dimensions politique et économique. Un libéralisme socialement soutenable est alors possible, avec comme principe directeur la dispersion maximale du pouvoir. Si l’«ordre social spontané » de Hayek en est la toile de fond, les «principes de justice » de Rawls fournissent, une fois remaniés, les trois axes prioritaires d’une régulation moderne : travail choisi, capacités enrichies, revenu universel de base. En plaçant la pensée française au cœur des réflexions sur le libéralisme, en l’appliquant aux dossiers contemporains des données personnelles ou de l’environnement, Claude Gamel rend possible le renouvellement des débats et des politiques. C’est un véritable programme d’action qu’il propose, détaillant entre autres les modalités d’un contrat de travail unique, la nécessité de mieux partager les profits des entreprises ou encore la mise en œuvre progressive d’un revenu universel de base.
En mêlant culture philosophique et savoir économique, Claude Gamel nous livre ici le fruit d’une vie de réflexions, qui pourra servir de guide à de nouvelles générations d’intellectuels au service de la liberté.

01/11/21
1er novembre – Jour férié

Paroles de la chanson Le Testament par Georges Brassens

Je serai triste comme un saule
Quand le Dieu qui partout me suit
Me dira, la main sur l’épaule:
« Va-t’en voir là-haut si j’y suis. »
Alors, du ciel et de la terre
Il me faudra faire mon deuil…
Est-il encor debout le chêne
Ou le sapin de mon cercueil?
Est-il encor debout le chêne
Ou le sapin de mon cercueil?

S’il faut aller au cimetière,
J’prendrai le chemin le plus long,
J’ferai la tombe buissonnière,
J’quitterai la vie à reculons…
Tant pis si les croqu’-morts me grondent,
Tant pis s’ils me croient fou à lier,
Je veux partir pour l’autre monde
Par le chemin des écoliers.
Je veux partir pour l’autre monde
Par le chemin des écoliers.

Avant d’aller conter fleurette
Aux belles âmes des damné’s,
Je rêv’ d’encore une amourette,
Je rêv’ d’encor’ m’enjuponner…
Encore un’ fois dire « Je t’aime »…
Encore un’ fois perdre le nord
En effeuillant le chrysanthème
Qui’est la marguerite des morts.
En effeuillant le chrysanthème
Qui’est la marguerite des morts.

Dieu veuill’ que ma veuve s’alarme
En enterrant son compagnon,
Et qu’pour lui fair’ verser des larmes
Il n’y ait pas besoin d’oignon…
Qu’elle prenne en secondes noces
Un époux de mon acabit:
Il pourra profiter d’mes bottes,
Et d’mes pantoufle’ et d’mes habits.
Il pourra profiter d’mes bottes,
Et d’mes pantoufle’ et d’mes habits.

Qu’il boiv’ mon vin, qu’il aim’ ma femme,
Qu’il fum’ ma pipe et mon tabac,
Mais que jamais – mort de mon âme! –
Jamais il ne fouette mes chats…
Quoique je n’ai’ pas un atome,
Une ombre de méchanceté,
S’il fouett’ mes chats, y’a un fantôme
Qui viendra le persécuter.
S’il fouett’ mes chats, y’a un fantôme
Qui viendra le persécuter.

Ici-gît une feuille morte,
Ici finit mon testament…
On a marqué dessus ma porte:
« Fermé pour caus’ d’enterrement. »
J’ai quitté la vi’ sans rancune,
J’aurai plus jamais mal aux dents:
Me v’là dans la fosse commune,
La fosse commune du temps.
Me v’là dans la fosse commune,
La fosse commune du temps.

25/10/21
La politique militaire de la france en Afrique a-t-elle changé ?
Raphaël Granvaud – Géopolitique

Membre de l’association Survie, est également l’un des rédacteurs de Billets d’Afrique, bulletin mensuel sur les avatars de la politique africaine de la France.
Auteurs de plusieurs livres chez Agone.

Depuis maintenant presque 10 ans, la France mène au Sahel une « guerre contre le terrorisme ». L’opération Barkhane, en volume et en durée, est la plus importante intervention militaire française à l’étranger depuis la guerre d’Algérie. En juin, le président Macron a annoncé sa fin « dans sa forme actuelle ». Qu’en sera-t-il réellement ?
Depuis les indépendances, la France n’a jamais cessé de maintenir une présence militaire dans ses anciennes colonies africaines : coopération, bases militaires, opérations extérieures… Les justifications, les modalités juridiques et les discours tenus sur cette ingérence militaire ont évolué au fil du temps.
Mais la politique militaire de la France en Afrique a-t-elle changé de nature ?

Pourtant la situation dans les pays concernés ne cesse de se dégrader, à commencer par le Mali. Tout laisse malheureusement penser que loin d’être la solution, l’intervention militaire française est une partie du problème.

https://survie.org/billets-d-afrique/2021/308-juin-2021/article/les-sauveurs-de-l-afrique

18/10/21
Petite et grande histoire de l’environnement
Claire weill – Sciences

Physicienne, normalienne et ingénieure générale des ponts, Claire Weill travaille à l’INRA, aujourd’hui INRAE, depuis 2013. Elle a été au centre de l’organisation de la conférence « Notre avenir commun face au changement climatique », qui a mobilisé les scientifiques à Paris en amont de la COP21. Claire Weill est engagée depuis trente ans dans un dialogue entre les scientifiques, les citoyens et les décideurs. Dans un ouvrage publié en février dernier, elle dresse une fresque du mouvement environnementaliste, en suivant la trace de l’une de ses grandes figures, Konrad von Moltke.

Petite et grande histoire de l’environnement

Citoyen du monde, passeur, penseur et stratège, Konrad von Moltke s’est trouvé à la croisée de toutes les forces qui ont forgé l’histoire de l’environnement. Le combat acharné qu’il a mené, au sein et à la lisière des institutions, a contribué à tracer et à faire bouger les lignes d’une gouvernance européenne, puis mondiale en faveur du développement durable. Ce pionnier a notamment joué un rôle majeur dans l’inscription du principe de précaution dans le traité de Maastricht. Son histoire et ses engagements nous entraînent dans une visite des lieux et des mouvements qui ont rendu la cause environnementaliste incontournable partout sur le globe.

11/10/21
UNE TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE ?
BERNARD TABUTEAU – ÉCONOMIE

Société des architectes

L’analyse des crises sanitaire et économique met à l’ordre du jour la nécessité d’une double transition écologique et sociale. Sa réussite implique des politiques monétaire et budgétaire en rupture avec les orientations passées tant au niveau France qu’à celui de l’Union Européenne. La politique monétaire de taux d’intérêt bas et la politique budgétaire de soutien à l’investissement doivent être considérées comme complémentaires.
La conclusion et le début de mise en oeuvre des plans de relance européen et français marquent-elles un tournant par rapport aux orientations des politiques économiques suivies ces dernières années ? Comment apprécier la question de la dette publique eu égard à l’objectif de double transition écologique et sociale ?

Docteur en économie, administrateur INSEE. Chercheur en sciences sociales, ancien secrétaire général du CEREQ, Bernard Tabuteau a enseigné à l’Université d Aix-Marseille.

ANNULÉ ! 04/10/21
une transition écologique et sociale ?

Bernard Tabuteau – Économie

Docteur en économie, administrateur INSEE. Chercheur en sciences sociales, ancien secrétaire général du CEREQ, Bernard Tabuteau a enseigné à l’Université d Aix-Marseille.

Une double transition écologique et sociale ?

L'analyse des crises sanitaire et économique que traversent nos sociétés nous livre quelques enseignements majeurs : notre dépendance sur un certain nombre de produits essentiels (alimentation, médecine, automobile...) nous confronte aux conséquences de la mondialisation et à son coût environnemental; le rôle protecteur du système de santé publique, et plus largement de l'État Social, pour l'ensemble de la société nous le fait considérer non plus comme un coût mais comme une ressource à préserver. Le surgissement des travailleurs (et souvent travailleuses) "invisibles" mal payés, la montée de la précarité réactualisent les questions d'inégalités et de répartition des richesses; l'accélération du capitalisme numérique et la toute puissance des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) imposent des initiatives pour les réguler, en premier lieu sur le plan fiscal, etc....

Ces enseignements mettent à l'ordre du jour la nécessité d'une double transition sociale et écologique à l'échelle de la France comme de l'Union Européenne :
      - investissements dans les services publics, politique de réduction des inégalités, harmonisation progressive des législations sociale et fiscale, participation accrue des salariés dans les instances de direction des entreprises, etc...
     - investissements massifs dans les économies d'énergie, les énergies renouvelables, relocalisations et frein aux nouvelles délocalisations, développement d'une agriculture raisonnée et biologique, traités de juste échange et non plus de libre échange, etc....
L'engagement dans ces directions, implique une certaine orientation des politiques budgétaire et monétaire aux niveaux de la France et de l'Union Européenne : soutien aux investissements, harmonisation et progressivité fiscale, politique maintenue de taux d'intérêt bas, etc... qui posent bien sûr des questions difficiles concernant l'orientation des politiques économiques de la France et de l'Union Européenne.

La conclusion et le début de mise en oeuvre des plans de relance européen et français (juillet 2020 pour le premier, septembre 2020 pour le second) marquent incontestablement une rupture par rapport aux politiques économiques conduites jusqu'ici. Il suffit de rappeler que le Traité de Stabilité conclu en 2014 imposait à l'ensemble des États membres le retour à un équilibre budgétaire strict dont la traduction a mené vers des politiques restrictives pesant sur l'activité et l'emploi.
Le plan européen de 750 mds€ sur 3 ans permet pour la première fois à l'Union Européenne d'emprunter des fonds et de distribuer (pour partie) ces fonds aux États sous forme de subventions en contrepartie d'engagements d'investissements, notamment dans la transition énergétique.
Le plan français de 100 mds€ sur 2 ans se donne lui aussi pour objectif d'accélérer l'adaptation de l'économie française aux enjeux environnementaux et technologiques à l'horizon 2030.

Le contenu de ces plans de relance - orientations, modalités....- sera présenté lors des conférences mais aussi leurs limites. Au delà de l'insuffisance des moyens consacrés à certaines activités (par exemple des services publics clés comme l'éducation, la santé, la recherche...), des incertitudes sur les contreparties fiscales, l'absence de perspectives au delà de la durée des plans eux mêmes pose problème. En effet, la double transition dont nous parlons nécessite un effort de très longue durée et donc impliquerait de positionner les plans de relance dans une vision de moyen et long terme articulant les niveaux France et Union Européenne.
C'est d'ailleurs dans cette perspective  qu'il faut positionner le débat autour de la dette publique. Cette question ne peut en effet être appréciée en soi mais en comparaison aux risques graves qu'elle permettra d'éviter : risques futurs sur le climat et la biodiversité, dégradation des services publics ou encore retard d'adaptation de l'économie française. Elle est l'expression d'une volonté politique et apparaît dès lors comme une condition nécessaire d'une politique d'investissement maintenu dans le temps. Sa maîtrise dans la durée implique une coordination étroite des politiques budgétaire et monétaire.