Archives de catégorie : Sociologie

08/04/24 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
SCÈNES DE PRISON
Leila DELANNOY-AÏSSAOUI – Sociologie

A partir d’une analyse transversale d’expérimentations citoyennes et artistiques en prison, il s’agit de renouveler une réflexion sur les fonctions sociales de la prison.

Leïla Delannoy-Aissaoui est sociologue. Depuis 4 ans, elle mène des recherches-actions au sein de la Direction Interrégionale de l’Administration Pénitentiaire de Marseille. Elle travaille actuellement sur différents sujets, en particulier: la violence carcérale, le métier de surveillant, la création artistique en prison.



12/02/24 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
ALTERMÉTROPOLISATION À MARSEILLE, UNE AUTRE VI(LL)E EST POSSIBLE – Alexandre GRONDEAU – Sociologie

Se fondant ou s’hybridant à partir des notions de communs urbains, d’innovation sociale, des mouvements de revendication de nouveaux droits à la ville, du développement de l’économie sociale et solidaire et de l’économie circulaire, de l’apparition de nouvelles temporalités urbaines, de l’affirmation de nouvelles formes de municipalisme et d’organisation politique, l’altermétropolisation permet de constater qu’une autre ville que la ville ubérisée et fragmentée, est possible, que cela soit dans sa fabrication, dans sa production, ou dans son utilisation.

Dans sa présentation, dépassant une vision principalement utilitariste et marchande de la ville et de l’innovation, Alexandre Grondeau nous propose de repenser le fonctionnement urbain en redonnant un poids important à ses dimensions éthique, politique, sociale, culturelle, historique, écologique…

Alexandre Grondeau est docteur en géographie, aménagement et urbanisme, Professeur des Universités, directeur adjoint du laboratoire TELEMMe d’Aix-Marseille Université.
Il est l’organisateur des colloques "Une autre manière de fabriquer la ville", le fondateur de l’Observatoire du développement local PACA et le coauteur de l’ouvrage Géographie Urbaine, réédité chez Hachette Supérieur en 2020.

Thématiques : aménagement, géographie économique, géographie urbaine, urbanisme

Ouvrages 
    Alexandre Grondeau, Guy Burgel. Géographie Urbaine - 2eme édition mise à jour. 2020. ⟨hal-02948577⟩
    Alexandre Grondeau. Géographie Urbaine / Hachette Supérieur. 2015. ⟨hal-01813344⟩


Chapitres d'ouvrages
    Mathilde Vignau, Alexandre Grondeau. Grands événements culturels et espace urbain : le cas de Marseille. Rue d'Alger: Art, mémoire, espace public, 2022. ⟨hal-03633930⟩
    Mathilde Vignau, Alexandre Grondeau, Tijen Tunali. Arts, culture and neoliberalism: instrumentalization and resistances through the case of Marseille. Art and Gentrification in the Changing Neoliberal Landscape, 2021. ⟨hal-03380477⟩
    Alexandre Grondeau, Mathilde Vignau. Chapter 3 - Arts, culture and neoliberalism: instrumentalization and resistances through the case of Marseille. Art and Gentrification in the Changing Neoliberal Landscape, Rootledge, 2021. ⟨hal-03973992⟩
    Alexandre Grondeau. Développement local et territoires de l’innovation: entre réussite économique et durabilité territoriale 

Articles dans une revue
    Mathilde Vignau, Alexandre Grondeau. Labellisation culturelle et marketing territorial : entre transformations urbaines, contestations et inégalités socio-spatiales.. Revue Marketing Territorial, 2022, Eté 2022 (9). ⟨hal-03953829⟩
    Guy Burgel, Alexandre Grondeau, Régis Darques, Vladimir Kolosov, Vyacheslav A. Shuper, et al.. СОРОК ЛЕТ ФРАНКО-РОССИЙСКИХ СРАВНИТЕЛЬНЫХ ИССЛЕДОВАНИЙ ПО ГЕОГРАФИИ ГОРОДОВ: ПЕРЕОСМЫСЛЕНИЕ ОПЫТА [Quarante ans de recherche en géographie urbaine comparative franco-russe : repenser l'expérience]. Izvestiya Rossiiskaya Akademii Nauk, Seriya Geograficheskaya , 2020, 84 (3), pp.470-480. ⟨10.31857/S2587556620030048⟩. ⟨hal-03119027⟩
    Alexandre Grondeau. Territoires de l’innovation et communication urbaine. Mythes et réalité de politiques d’aménagement du territoire stratégiques. K@iros. Revue interdisciplinaire en sciences de l'information et de la communication et civilisations étrangères, , 2020, Territoires d’innovation, 4 | 2020, https://revues-msh.uca.fr/kairos/index.php?id=417. ⟨10.52497/kairos.417⟩. ⟨hal-02948580⟩
    Alexandre Grondeau, Sébastien Bridier. Contribution à une géographie des gilets jaunes. Des centres urbains de la colère aux ronds-points de la contestation. Géographie et cultures, 2020, 114, pp.37-76. ⟨10.4000/gc.14866⟩. ⟨hal-03973970⟩
    Alexandre Grondeau, Gwenaëlle Dourthe. Approches géographiques de la nuit urbaine libre et festive. Émulations : Revue des jeunes chercheuses et chercheurs en sciences sociales, 2020, ⟨10.14428/emulations.033.05⟩. ⟨hal-03973973⟩
    Alexandre Grondeau, Gwenaëlle Dourthe. Approches géographiques de la nuit urbaine libre et festive. Émulations : Revue des jeunes chercheuses et chercheurs en sciences sociales, 2020, ⟨10.14428/emulations.033.05⟩. ⟨hal-02948583⟩
    Alexandre Grondeau. Singapour, ville de demain ou dystopie d'aujourd'hui. Villes en parallèle, 2020, 49-50, pp.304-318. ⟨10.3406/vilpa.2020.1820⟩. ⟨hal-03574290⟩
    Alexandre Grondeau, Sébastien Bridier. Contribution à une géographie des gilets jaunes. Des centres urbains de la colère aux ronds-points de la contestation. Géographie et cultures, 2020, 114, pp.37-76. ⟨10.4000/gc.14866⟩. ⟨hal-03574242⟩
    Mathilde Vignau, Alexandre Grondeau. « Marseille-Provence : European Capital of Culture in 2013 », the double socio-economic face of a cultural labelling policy ». Mouseion – Revista Eletrônica do Museu e Arquivo Histórico La Salle, 2019, 32, pp.21. ⟨10.18316/mouseion.v0i32.5243⟩. ⟨hal-03355044⟩
    Alexandre Grondeau. La compétitivité des territoires de l’innovation confrontés aux crises et à la démondialisation : le cas de Sophia-Antipolis. Annales de géographie, 2018, 723-724 (5-6), pp.463-491. ⟨10.3917/ag.723.0463⟩. ⟨hal-03574372⟩

27-11-23 – Société des Architectes – 130 av du Prado
DÉSENCHANTEMENT DE L’ANALYSE CRITIQUE
Flora BAJARD – Sociologie

Travail et utopies au prisme des sciences sociales : désenchantement de l’analyse critique et leviers pour l’espérance .

Les sciences sociales adoptent intrinsèquement un regard critique sur les objets qu'elles étudient, parce que cette production de savoir - leur épistémologie - a précisément vocation à sonder la matière dont sont faits les mythes contemporains. Or, cette posture conduit bien souvent à désenchanter les mondes observés, y compris lorsque ces derniers sont vécus comme porteurs d'émancipation et d'espérance. Que d'inconfort, dès lors, pour qui aspire à allier analyse des sociétés et engagement dans celle-ci : que faire de la connaissance des limites, ambivalences voire contradictions de ces espaces pourtant conçus comme des "alternatives" ou des "utopies" ? 
 A partir d'une recherche sur différentes formes de travail indépendant, je propose quelques pistes méthodologiques et épistémologiques pour transformer ce regard critique en levier pour l'action. 
En effet, loin de se réduire à de simples outils techniques, les méthodes d'enquête engagent un rapport épistémologique, éthique et politique à nos objets d'étude ; dans cette conception, cette intervention esquissera des manières de faire et d'écrire les sciences sociales à même d'ouvrir les possibles et de maintenir vivaces les espérances.
Flora Bajard est sociologue, chargée de recherche au CNRS au Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail (LEST-CNRS, Aix-en-Provence) Ses travaux croisent la sociologie du travail et des professions, l'anthropologie politique et la sociologie de l’art.

30/10/23 – Maison des Architectes – 130 av. du Prado
LE CARACTÈRE POLITIQUE DU THÉÂTRE
Marjorie GLAS – Sociologie

 Quand l’art chasse le populaire
Socio-histoire du théâtre en France depuis 1945

Le 25 mai 1968, les directeurs de maisons de la culture et de théâtres populaires qui signent la « déclaration de Villeurbanne » déplorent l’éloignement du théâtre et des classes populaires et plaident pour le renforcement des liens entre création et action culturelle. À cette époque, pourtant, le processus de rupture entre le théâtre public et le public lui-même est déjà commencé – et ne cessera de s’accentuer.

Marjorie Glas met à jour les logiques de cette évolution. Elle montre comment la pente vers l’avant-garde et l’innovation esthétique a joué contre l’animation culturelle, le poids de la professionnalisation et de l’affirmation de nouvelles figures dominantes (metteur en scène, programmateur), et comment les logiques structurelles de l’institution se révèlent beaucoup plus fortes que les individualités.

Fondé sur la croyance en l’utilité sociale du théâtre, de sa fonction politique et de son ouverture à tous les publics, le théâtre public s’est progressivement recentré sur lui-même et sur ses enjeux internes. L’héroïsation de l’artiste est allée de pair avec la marginalisation des profanes. Pour aboutir à l’effacement du public populaire – et même du public tout court – dans les enjeux professionnels et esthétiques.

Marjorie GLAS Socio-historienne, travaille sur l’histoire des loisirs populaires, les relations des classes populaires à la culture, et leurs pratiques culturelles.

09/10/23 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
LES MÉDIAS CONTRE LA GAUCHE
Pauline PERRENOT – Sociologie

Les médias contre la gauche (Acrimed) : droitisation sans fin du débat public

Service après-vente zélé des politiques gouvernementales et consécration enthousiaste du grand « réformateur » ; banalisation des thèses de l’extrême droite et légitimation de ses représentants ; mutilation permanente du débat socio-économique ; journalisme de préfecture applaudissant la répression des mouvements sociaux et promouvant le durcissement de l’autorité de l’État ; tirs de barrage contre la gauche dans toutes ses composantes et, en particulier, contre ses franges les moins solubles dans le réformisme… Les médias dominants, en situation d’interdépendance étroite à l’égard des pouvoirs politique et économique, contribuent à mutiler le pluralisme et le débat démocratique. Dirigés et contrôlés par des chefferies éditoriales sociologiquement solidaires des intérêts et des points de vue des classes dirigeantes, ils jouent un rôle actif dans l’histoire sans fin de la droitisation du débat public depuis quarante ans. Un processus qui s’est encore accéléré au cours du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, en même temps que se dégradaient les conditions d’expression et d’existence médiatique de la gauche.

Pauline Perrenot est journaliste, secrétaire de rédaction et co-animatrice de l’association Acrimed (Action-Critique-Médias). Les médias contre la gauche, paru en mars 2023 aux éditions Agone, est le fruit d’un travail et d’un engagement collectifs.

25/09/23 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
L’AVENIR DU MAMMOUTH
Rodrigue COUTOULY – Sociologie

Décriée et critiquée de toute part, l’institution éducation nationale se porte mal. Et ses personnels sont en grande souffrance.
Comment expliquer ce naufrage ? Quels en sont les sources?
Entre immobilisme et mirage d’une « autonomie » libérale de l’école, comment imaginer des solutions qui nous permettent de sortir de ces difficultés?
Rodrigue Coutouly vient débattre avec nous de ces questions à partir de sa triple expérience d’enseignant, de chef d’établissement et de conseiller de recteur où il a pu travailler au sein des services académiques et au cœur du ministère de l’Éducation nationale.

Rodrigue Coutouly 
Professeur agrégé d’histoire-géographie
Historien, géographe, forestier, pédagogue, responsable d’établissement public d’éducation, Rodrigue Coutouly a exploré de nombreux champs professionnels dans le monde rural comme dans le monde urbain. Impliqué dans les politiques publiques d’éducation, sa réflexion pluridisciplinaire se concentre sur la recherche de solutions concrètes aux crises écologiques et économiques que nous devons affronter.
Responsable d’un Think Tank artisanal : « Fiscalité environnementale »

19/06/23 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
LA LIBERTÉ D’EXPRESSION : POUR QUI ?
Françoise LORCERIE – Sociologie

La publication des caricatures de « Mahomet », ou plus généralement la levée de la réserve dans la parole publique de rappers mais aussi d’intellectuels ou d’hommes et femmes politiques, pour ne rien dire de ce qui circule sur les réseaux sociaux, ont amené la question de la liberté d’expression au centre de débats sans fin. Elle est un droit fondamental dans les démocraties. Doit-elle pour autant être considérée comme absolue ? Oui répondent certains, non disent les juristes et les philosophes. Elle a des limites. Lesquelles ? Cela se discute. De plus, il faut regarder les circonstances. La ou les personnes attaquées doivent en principe être en situation de répliquer, de défendre leur vision des choses. Est-ce toujours le cas ? En situation scolaire, la question se complique du fait que la liberté d’expression est non seulement un droit que les élèves doivent connaître, mais une compétence qu’ils doivent acquérir, ce qui n’est pas la même chose.

Françoise Lorcerie, directrice de recherche émérite CNRS, à l’IREMAM (Institut de Recherches et d’études sur le Monde Arabe et Musulman), UMR 7310 Maison méditerranéenne des sciences de l’homme. Politologue, spécialiste des questions d’intégration des immigrés en France, notamment dans le cas des originaires du Maghreb. Ses thèmes de travail récents portent sur le débat sur la laïcité, le débat sur l’intégration, l’ethnicisation des rapports scolaires.

17/04/23 – Mairie 1&7 – 61 La Canebière
Enseigner par le respect et la liberté d’expression
Coutouly-Chouabi-Legenne-Debauche – Laïcité

Quatre pédagogues, enseignants et chef d’établissement, ayant participé à la rédaction de l’ouvrage:  Vivre libres! Enseigner par le respect et la liberté d’expression, viennent expliquer les pistes et les outils que l’on peut élaboré pour travailler la liberté en classe.

Le meurtre de Samuel Paty a été un traumatisme profond pour la communauté des enseignants. Etre tué parce que l'on fait cours pour défendre une des grandes valeurs de la République interroge toute notre société: Comment, après sa disparition atroce, parler à la jeunesse? Comment accueillir la parole des élèves ? Comment les enseignants doivent réagir quand l'émotion les submerge ? Comment réagir face à des adolescentes et adolescents, en évitant de leur opposer notre peur travestie en injonctions ?
Rodrigue Coutouly
Guillemette Legenne
Mehdi Chouabi
Véronique Debauche

06/03/23 – 130 av du Prado
Travail, liberté, citoyenneté au prisme du genre
Anne Marie DAUNE-RICHARD – Sociologie

Travail, liberté, citoyenneté au prisme du genre 

La liberté de l‘individu est au principe de la citoyenneté démocratique moderne. La liberté fonde l’individualité qui constitue le socle de la citoyenneté : pas de citoyenneté sans individualité. Et liberté et individualité s’adossent au travail. Mais en examinant les définitions et composantes de la liberté on voit qu’elles ne se conjuguent pas de la même façon au masculin et au féminin. Après avoir déplié les articulations entre liberté, travail, et citoyenneté on suivra leur évolution pour mettre au jour ce qui perdure aujourd’hui de cette conception sexuée héritée de la philosophie des Lumières et de la révolution française.

Anne Marie Daune-Richard
Sociologue, chercheure honoraire au CNRS, membre d’ArTLib

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12/12/22 – 130 avenue du Prado
EN PRISON, DES PAROLES INVALIDÉES AUX RÉCITS POSSIBLES ?
Leïla DELANNOY-AÏSSAOUI – Sociologie

En prison, des paroles invalidées aux récits possibles.

S’intéresser aux récits en prison, c’est regarder la façon dont la réalité s’y trouve énoncée et donc figurée. Quels sont les récits, et qui en sont les producteurs et les destinataires ?

Leïla Delannoy-Aïssaoui nous invite dans cette intervention à réfléchir aux paroles en prison et sur la prison, aux cadres d’intelligibilité qu’elles fabriquent, parfois édifient, à ce que l’organisation des narrations nous fait, et nous indique sur les rapports sociaux.

Comment les représentations du réel se constituent dans la parole émise ? En prison, qui énonce, où et comment ? Quels sont les différents récits qui existent et circulent ?

A partir de recherche-actions menées dans plusieurs secteurs du centre pénitentiaire de Marseille, elle viendra partager ce qu’elle engage comme expérimentations en sciences sociales avec les personnes détenues et les surveillants sur ces questions de récits, de langage et de représentations, pour finalement parler du rapport politique aux personnes privées de liberté. Repenser ce qu’il est possible de faire avec les personnes détenues et les travailleurs en prison, la façon de se tenir ensemble dans un établissement, c’est aller jusqu’à toucher à la demande sociale adressée à la prison, au sens du travail pénitentiaire…au sens de la peine. Parler de la prison dans ce qu’elle soutient ou pas comme énoncé du monde social dans lequel elle est prise et dont elle constitue un pivot.

Leïla Delannoy-Aïssaoui. Docteure en sociologie
Depuis 3 ans, elle mène des recherches-actions au sein de la Direction Interrégionale de l’Administration Pénitentiaire (DISP) de Marseille. Elle travaille actuellement sur différents sujets en particulier : la violence carcérale, le métier de surveillant, la création artistique en prison.

20/06/22 – 130 avenue du Prado
S’ENGAGER ICI POUR LÀ-BAS : VIVRE LA RÉVOLUTION ÉGYPTIENNE EN MIGRATION
Célia LAMBLIN – Sociologie

Depuis le choc pétrolier, des Égyptiens tentent d’échapper à la précarité et à d’autres considérations d’ordre religieux, politique ou familial, et se tournent notamment vers les pays européens. Les flux migratoires d’Égypte vers l’Europe correspondent à un phénomène durable aussi invisible qu’inégalement réparti entre les pays européens, et ce depuis les années 1980. Si un regain d’intérêt médiatique et scientifique est à noter concernant les mobilisations politiques dans les pays arabes, il ne faut pas oublier que ces mobilisations ont aussi eu un écho dans des pays d’installation où les ressortissants se sont organisés parfois pour la toute première fois. C’est d’ailleurs le cas des Égyptiens installés en France pour qui la « révolution du 25 » a marqué le point de départ d’une structuration collective sans précédent.

Célia LAMBLIN, docteur en sociologie du Laboratoire méditerranéen de sociologie et du laboratoire Population-environnement et développement de Marseille

03/01/22 – 61 la Canebière
Changer la ville, changer ses habitants ?
Marie Beschon – Sociologie

Pourquoi les grands projets urbains peinent-ils tant à intégrer les habitants ?
Élaboré à la fin des années 1980 et décrété Opération d’intérêt national en 1995, le projet Euroméditerranée a été conçu comme une réponse aux difficultés socio-économiques, urbaines et symboliques de Marseille. L’ambition du projet, envisagé comme « une thérapie de choc », était double : rénover le centre-ville et proposer un urbanisme de processus, inclusif et évolutif (Pinson 2009), à même de respecter l’existant. Aujourd’hui encore, les multiples objectifs du projet, de la modernisation des infrastructures au développement des institutions culturelles de la ville, visent à « rompre avec la spirale du déclin économique de Marseille » sans « chasser les pauvres ».
La question de la pauvreté est centrale pour comprendre les projets de rénovation urbaine à Marseille. La subsistance d’un centre-ville populaire et résistant à la gentrification (Mateo-Escobar 2012), capable de s’effondrer sous une pluie insistante, constitue une raison de l’élaboration du projet Euroméditerranée dès la fin des années 1980. Mais alors que l’ancienne équipe municipale n’avait pas caché ses intentions de « nettoyer » le centre-ville de ses populations pauvres et (d’origine) immigrée (Ascaride et Condro 2001), l’Établissement public d’aménagement d’Euroméditérranée (EPAEM) se distingue par la volonté affichée d’assurer le maintien des populations en place dans la ville : moderniser tout en respectant l’existant.
La supposée noblesse du combat pour « la ville de demain, durable et innovante », visant à faire advenir ce que le centre-ville « traditionnel » n’a jamais su devenir. Quelle que soit l’humanité des aménageurs, la ville nouvelle à créer, comme son aînée abîmée, demeure sourde à ses administrés dès qu’il s’agit de projeter et de faire. Comme si l’aménagement, quelle que soit l’humanité de ses acteurs, était condamné, par son univers épistémologique et pratique, à demeurer insensible à la ville habitée (Paquot 2005).

Marie BESCHON est docteure en anthropologie. Elle a soutenu sa thèse (dir. Michel Agier, EHESS) en 2019 : « Euroméditerranée ou la ville de papier : ethnographie du monde des aménageurs ». Son doctorat fait suite à un master à l’Institut d’Études Politique de Paris et une maîtrise de philosophie à l’Université d’Aix-Marseille. Elle mène actuellement des ateliers d’éducation populaire au sein du Collectif Manifeste Rien en tant que médiatrice socio-culturelle. Elle a depuis intégré l’Institut Régional du Travail social PACA pour mener des cours de méthodologie et d’initiation à la recherche.

20/12/21 – 130 avenue du Prado
Marseille et le banditisme
Anne Kletzlen – Sociologie

Marseille et le banditisme

Bien qu’ils alimentent la chronique politico-médiatique, les règlements de comptes entre malfaiteurs perpétrés dans la métropole marseillaise ne représentent pas un phénomène nouveau. Les homicides entre bandits ont diminué en 30 ans en raison de l’état des marchés criminels, l’usage de la kalachnikov et du « barbecue » n’est pas inédit, les enjeux des meurtres sont toujours les mêmes (compétitifs, transactionnels, de délation …).

En revanche, les rationalités et usages de ces meurtres sont l’objet de recompositions. L’homicide, intentionnel ou impulsif, tend à devenir un mode comme un autre et non plus l‘ultime moyen de traitement des affaires des malfaiteurs. Ce serait là la nouveauté des années 2010 si tant est qu’il y ait nouveauté.

De nombreuses porosités existent entre les différentes formes de banditisme. Les néo-bandits constituent les futurs grands bandits, les narco-bandits représentent les uns et les autres œuvrant dans les trafics de stupéfiants.

Anne Kletzlen

Docteure en droit

Chercheuse associée au MESOPOLHIS (axe 6 : normes, déviances, savoirs de gouvernement), UMR 7064 (CNRS/Sciences po/AMU).

Ses recherches portent sur les processus de création et de mise en œuvre des lois et des politiques publiques dans deux domaines : la sécurité routière et la délinquance organisée. Dans ce dernier domaine, elle a travaillé sur les régulations juridiques des trafics de stupéfiants et de cigarettes, du blanchiment de leurs produits et sur les règlements de comptes entre malfaiteurs. Sur ce point, elle a restitué les processus de production de ces homicides et les enjeux de ces crimes (cf. livre Bandits contre bandits, PUP, 2020).

https://presses-universitaires.univ-amu.fr/bandits-contre-bandits-0

 

OÙ VA LA CINQUIÈME RÉPUBLIQUE ?

Michel Guérin

Michel Guérin est écrivain et philosophe, auteur d’une trentaine d’ouvrages. Ancien directeur des Instituts français de Vienne, puis d’Athènes, professeur émérite de l’Université d’Aix-Marseille et membre honoraire de l’Institut universitaire de France.

La Ve République peut-elle, soixante ans après sa fondation, continuer sa route ou bien est-elle à bout de souffle ? Est-elle réformable ou faut-il la déclarer moribonde et songer à la remplacer ? L’auteur, convaincu qu’il importe de maintenir son cadre et ses principes, examine à la fois les entorses qu’elle a subies du fait des hommes politiques durant les récentes décennies, et les défis que l’évolution des moeurs et la violence de l’histoire lui ont lancés. Leur conjugaison aboutit à neutraliser, voire inhiber des ressorts qui auraient dû être utilisés pour surmonter les crises. Tant l’autorité de l’État que la vie démocratique ont souffert de la malencontreuse instauration du quinquennat. Cloner l’Assemblée et le Président revient en effet à affaiblir l’un et l’autre, à paralyser les partis et les syndicats et, finalement, à déconsidérer l’ensemble des acteurs de la politique. C’est pourquoi l’auteur appelle de ses vœux le rétablissement du septennat, ainsi que le vote obligatoire et la pondération du scrutin majoritaire par une dose de proportionnelle.

https://www.editions-harmattan.fr/livre-ou_va_la_cinquieme_republique_michel_guerin-9782343235615-70483.html

Voix de la rue ou voie des urnes ?
Mouvements sociaux et partis politiques

Simon Luck et Stéphanie Dechezelles

Simon Luck est docteur en science politique, chargé de cours à l’université de Tours et chercheur associé au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP-CRPS Paris, UMR 8209). Ses recherches portent sur les comportements politiques, et en particulier l’engagement protestataire et le militantisme anarchiste.

Stéphanie Dechezelles est maîtresse de conférences en science politique à l’institut d’études politiques d’Aix-en-Provence et chercheuse au CHERPA (EA 4261). Elle a notamment codirigé (avec S. Cadiou et A. Roger), Passer à l’action. Les mobilisations émergentes, Paris, L’Harmattan, 2007 et le numéro «Enquêter dans les partis. Perspectives comparées» pour la Revue internationale de politique comparée (avec M. Aït-Aoudia, C. Bachelot, L. Bargel, H. Combes, N. Ethuin, F. Haegel, C. Leclercq, E. Massicard et A.-S. Petitfils).

Cet ouvrage s’attache à retracer les liens multiples qu’entretiennent les partis politiques et les mouvements sociaux. À travers la mise en perspective d’exemples passés et actuels, européens, africains ou américains, ce sont les diverses façons de s’investir politiquement qui sont décryptées ici. Les auteurs montrent que plutôt qu’opposer différentes formes d’engagement et d’organisation, il convient d’analyser concrètement les interactions entre les mouvements protestataires et les institutions partisanes, pour comprendre plus largement comment se structurent les régimes politiques et saisir les dimensions plurielles de la citoyenneté.

/http://www.pur-editions.fr/detail.php%3FidOuv%3D2785